ZFE surprise à Mayotte : une mesure non applicable ?
Par Nora Godeau | Le 28/09/2021 | Environnement
L’alternance minéralogique et l’interdiction des véhicules de plus de 15 ans à Mamoudzou dès le 1er octobre sera difficile à respecter. Nombreux sont en effet les habitants des autres communes à venir travailler chaque jour dans le chef-lieu et les mesures annoncées sont pour eux absurdes et inapplicables.
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Depuis l’annonce faite par le maire de Mamoudzou de la mise en place d’une ZFE à Mayotte, les automobilistes ne décolèrent pas.
Attablé à une terrasse de café, Nassir, un quarantenaire habitant en dehors du périmètre de la ZFE, affuble le maire de sa commune de noms d’oiseaux que nous nous garderons d’écrire ici. Furieux, comme la majorité des automobilistes de l’île aux parfums, il juge la mesure inapplicable et affiche fièrement sa ferme intention de ne pas la respecter. « C’est n’importe quoi ! Comment veut-il que les gens qui travaillent se déplacent ? Il n’y a pas de transports en commun ici ! », tempête-il. Une opinion vivement soutenue par Anouar, un entrepreneur qui se déplace régulièrement aux 4 coins de la ville, mais qui habite lui aussi en dehors du périmètre. « C’est simple, les gens n’iront plus travailler ! », lâche-t-il sèchement. En outre, son utilitaire est âgé de plus de 15 ans et n’a donc en théorie plus le droit de circuler dans la commune…où habitent la majorité de ses clients !
« Pour ma femme ça va être l’enfer aussi », ajoute Anouar. « Nous avons 3 enfants qui vont tous à des écoles situées dans des quartiers différents, éloignés de son lieu de travail. Sans voiture, c’est ingérable ! », explique l’entrepreneur qui est loin d’être le seul à Mayotte à se heurter à ce problème. Le message d’une autoproclamée « mère de famille désespérée » a en effet fait le tour des réseaux sociaux dès l’annonce des mesures du maire. Quant aux personnes venues des autres communes, elles crient carrément à la « discrimination envers les personnes habitant en brousse ». « La brousse » désigne, à Mayotte, toutes les communes situées en dehors du chef-lieu).
Sommaire
Quid des solutions alternatives ?
« S’il y avait des parkings à l’entrée de Mamoudzou, comme ça se fait dans les grandes villes métropolitaines, ce serait gérable et permettrait à la ville de respirer. Or il n’y en a pas, alors il ne faut pas demander la lune ! », juge Mickaël, un jeune entrepreneur en climatisation fraîchement arrivé de métropole. Lorsqu’on évoque la solution du covoiturage, tout le monde est unanime : cette solution n’est viable que pour se rendre d’une commune à l’autre, mais impossible à l’intérieur de Mamoudzou car « même si on habite au même endroit, on travaille tous dans des quartiers différents », explique Anouar. « En sachant qu’avec les embouteillages, on peut mettre jusqu’à 2h pour faire le trajet entre les 2 ronds-points qui délimitent la zone », précise-t-il afin de mettre en avant l’absurdité de cette solution.
Et les taxis ? « Une blague ! » selon Nassir qui rappelle que beaucoup d’entre eux refusent de se rendre dans certains quartiers en raison de l’état déplorable des routes. « Ils se sont mis d’accord entre eux. Et en plus, ils prennent une double course pour se rendre entre les quartiers nord et les quartiers sud de Mamoudzou. » poursuit le quarantenaire qui pense que les gens aisés « achèteront deux voitures pour pouvoir se déplacer tous les jours : l’une avec une plaque paire et l’autre avec une plaque impaire ». Quant à l’auto-stop, presque tout le monde juge cette solution « galère » et presque personne ne veut en entendre parler.
« Tout va péter ! »
Nassir, Anouar, Mickaël et bien d’autres craignent que cette mesure impopulaire provoque un nouveau blocage de l’île. Sur l’île au lagon, il est en effet de coutume d’exprimer son mécontentement par des barrages routiers qui paralysent l’intégralité du territoire. Comme on a pu le voir en 2018 lors de la grande grève contre l’insécurité. Ce genre de situation dégénère bien souvent en actes de violence. « Si la mesure est appliquée et que les policiers municipaux se mettent à verbaliser, c’est sûr, tout va péter ! », conclut Nassir d’un air grave. Affaire à suivre donc…
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