VHU : « Tout le monde ne joue pas le jeu » à Mayotte
Par Nora Godeau | Le 02/09/2021 | Dossiers de la rédac' | Green
Malgré la bonne volonté de l’Ameda, l’association des distributeurs, de nombreux blocages dans la chaîne de recyclage empêchent que les VHU ne soient correctement détruits et un bon nombre de déchets issus de cette filière se retrouvent dans la nature, défigurant le paysage de l’île.
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« Il n’existe aucune filière de recyclage des VHU à Mayotte », déplore Serge Floris, le président de l’Ameda. Cette association émanant des constructeurs automobiles est chargée de coordonner les différents acteurs du traitement des VHU sur l’île. Or, s’il existe bien quatre « centres VHU » sur le territoire, ces derniers se heurtent au problème du stockage des déchets. « Quand un VHU est emmené dans ces centres, sa carcasse est en quelque sorte « déshabillée » par des techniciens afin que chaque type de déchet soit recyclé comme il se doit. Or, comme on ne peut pas recycler sur place, les déchets sont pour la plupart stockés dans des aires spécialement dédiées qui ne sont pas extensibles indéfiniment… », explique celui qui est également directeur de l’entreprise MMC à Mayotte.
Les carcasses sont envoyées chez Enzo Technic Recyclage, la seule entreprise de l’île à posséder un broyeur. Une fois compactée, elles sont envoyées en Inde pour y être recyclées. Avant le grand incendie de juillet 2019, cette entreprise se chargeait également d’éliminer les autres déchets issus des VHU comme les pneus ou les batteries. Or Enzo a perdu son agrément « même avant l’incendie », avoue Andrian Toilibo, le directeur du site. En effet, Enzo se contentait de détruire les déchets issus des VHU au lieu de les valoriser comme l’exige la loi. « Avant, la DEAL fermait les yeux, mais depuis 2019 elle est devenue plus exigeante », explique-t-il. Une intention louable, mais qui se heurte au problème de manque de structures à Mayotte…que faire des déchets ?
Sommaire
Un flou total concernant le traitement des déchets automobiles
Le plastique et la mousse issus des VHU sont tout simplement enfouis à l’ISDND (Installation de Stockage des Déchets Non Dangereux), située à Dzoumogné, dans le nord de l’île. En revanche, la loi interdit de stocker les batteries, extrêmement polluantes et dangereuses. Elles doivent être envoyées par voie de mer en métropole pour y être recyclées. En attendant que le container de batteries soit plein et prêt à être envoyé, elles restent dans les centres VHU. Or comme le navire doit traverser les eaux territoriales de beaucoup de pays avant d’arriver en métropole, les formalités sont nombreuses et complexes, ce qui explique que « tout le monde ne joue pas le jeu », comme nous le révèle Andrian Toilibo. « Certaines entreprises revendent les batteries à des ferrailleurs car leur valeur mercuriale est élevée. D’autres les envoient clandestinement en Afrique sans respect des règles écologiques », déplore le directeur d’Enzo. Pour les pneus, c’est encore pire ! Comme il n’existe aucune filière de traitement des pneus à Mayotte « chacun se débrouille en toute opacité », explique encore Andrian Toilibo.
A ce manque de structures vient s’ajouter, pour couronner le tout, un manque d’éducation de la population aux problématiques environnementales. Devant les démarches complexes et pénibles que demande l’enlèvement d’un VHU, beaucoup d’habitants de l’île, peu scrupuleux, les abandonnent tout simplement dans la nature, en particulier dans les mangroves qui offrent un milieu particulièrement adapté à leur dissimulation. C’est sans compter sur la catastrophe écologique qui en découle…
Intro dossier : la guerre est déclarée
Episode 1 : La Guyane en manque de moyens techniques
Episode 2 : La Réunion face au dilemme de l’économie parallèle
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Les gens préfèrent abandonner leurs VHU en milieu naturel que de les envoyer dans centres parce que le prix est trop chère. Et je suis sûr que quand ils envoient les carcasses en Inde ce n’est pas gratuit mais ils se font de l’argent.
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