Sur l’île aux parfums, les taxis sont une véritable institution dans la mesure où ils pallient l’absence de transports en commun. Raison pour laquelle ils sont peu chers et ont un fonctionnement très différent de celui des taxis métropolitains. Toutefois, avec le passage progressif de Mayotte dans le droit commun et l’arrivée prochaine d’une ligne de bus, la profession se doit d’évoluer ce qui ne va pas sans poser de nombreux problèmes aux chauffeurs de taxis à Mayotte.
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Depuis le 2 août 2022, le prix d’une course en taxi dans Mamoudzou est passé de 1,60 à 2 euros. Un tarif qui peut paraître dérisoire. Mais il ne faut pas oublier que le fonctionnement des taxis à Mayotte est complètement à part. Le 101ème département de France ne compte en effet toujours pas de réseau de transports en commun. Les taxis sont donc le seul moyen pour les piétons de se déplacer. Ici, pas question d’être seul dans un taxi. Qu’ils soient « taxis-ville » (ne circulant qu’à l’intérieur du grand Mamoudzou) ou « taxis-brousse » (se déplaçant entre les villages), tous sont collectifs, seul moyen pour les taximen de s’y retrouver financièrement. Si ce système ne s’avère pas vraiment gênant pour se déplacer en brousse, il l’est davantage à Mamoudzou. Les clients sont parfois obligés de se taper le tour complet de la ville avant d’arriver enfin à destination. D’autant plus que, pour gagner davantage d’argent, les taximen du chef-lieu sont de plus en plus nombreux à investir dans des minibus. Cela afin d’augmenter le nombre de place dans leur taxis…et donc le temps de trajets de leurs clients !
Sommaire
L’arrivée prochaine du premier réseau de bus affole les chauffeurs de taxis à Mayotte
« Quand les bus vont arriver sur le territoire, ils vont frapper fort et faire beaucoup de mal à la profession », affirme Abalkini Chanfi, le porte-parole de l’intersyndicale des taxis de Mayotte. Une angoisse qui se concrétise de plus en plus puisque la première pierre du projet « Caribus », une ligne de bus interurbaine que porte la Communauté d’Agglomération de Dembeni Mamoudzou (Cadema), vient d’être posée il y a quelques mois. Heureusement pour les taximen, la durée des travaux se compte en années. Ce qui leur laisse un peu de temps pour faire évoluer leur profession. Mais l’affaire n’est pas si simple car les freins sont nombreux : sociétaux, légaux, structuraux et financiers. La chambre des Métiers et de l’Artisanat se démène pour aider les taximen à mieux s’organiser et à se former. Quant au conseil départemental, il leur propose une aide financière… À condition qu’ils respectent les exigences de l’arrêté préfectoral de 2019 ! Ce dernier stipule en effet que les taximen doivent se doter de nouveaux véhicules blancs habillés de jaune ainsi que d’un « taximètre ». « Il ne s’agit pas d’un compteur comme pour les taxis de métropole. Le prix de la course reste le même ; mais juste d’une manière pour la préfecture de pouvoir contrôler nos rentrées d’argent », précise le porte-parole de l’intersyndicale.
De dix à quatre syndicats de taxis à Mayotte
Or les chauffeurs de taxis de Mayotte, habitués au fonctionnement « système D » qui avait cours avant la départementalisation de l’île, ont pour la plupart beaucoup de mal à intégrer l’idée « qu’on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre » et peinent à accepter les nouvelles exigences de leur profession. La chambre des métiers et de l’artisanat a aidé certains d’entre eux à s’organiser en coopérative (les « taxis-vanille »). Mais ce système ne convient pas à tous les professionnels de l’île dont beaucoup ne s’entendent guère entre eux. « L’union fait la force » n’est visiblement pas le proverbe favori des taximen de Mayotte. La profession comptait à l’origine une dizaine de syndicats qu’Abalkini Chanfi a, non sans peine, réussi à réduire à quatre. Enfin unis sous la bannière d’une intersyndicale en 2020.
Embouteillages et taxis-clandestins : des freins majeurs pour le profession
Se déplacer en taxi à Mayotte met les nerfs des clients à rude épreuve. Non seulement les taximen ne sont pas assez nombreux sur l’île pour répondre aux besoins de la population, mais en plus ils choisissent les endroits où ils souhaitent ou non se rendre. Laissant les clients à la merci de leur « bon vouloir ». Ainsi, beaucoup d’entre eux refusent de se rendre dans les quartiers, nombreux à Mayotte, où les routes sont en mauvais état pour ne pas abîmer leur véhicule. Ou encore dans les quartiers où ils ont peur de ne pas trouver assez de clients pour le remplir. Pas étonnant dans ces conditions que les piétons attendent impatiemment les bus ! Par ailleurs, il est actuellement très difficile d’obtenir une licence de taxis auprès de la préfecture, qui ne les délivre qu’au compte-goutte. Selon le chiffre donné par cette dernière en 2019, il y aurait actuellement 660 taxis sur l’île. Or, selon le porte-parole de l’intersyndicale, « ce chiffre est le même depuis 15 ans ». « Les embouteillages qui gangrènent l’île entravent énormément la profession. Tant et si bien que beaucoup de taximen sont obligés d’avoir un autre travail à côté. Cela pour gagner suffisamment d’argent pour vivre », révèle un élu du conseil départemental. Certaines licences sont donc sous-utilisées, voire plus utilisées du tout. Bien entendu sans le référer à la préfecture pour qu’elle puisse octroyer de nouvelles licences à de jeunes aspirants-taximen.
Les taxis-mabawa à Mayotte
Autre problème : la prolifération depuis de nombreuses années des taxis clandestins surnommés « taxis-mabawa » à Mayotte. Une référence aux ailes de poulet bon marché très prisées sur l’île. Plus souples dans leur fonctionnement que les taxis officiels, tant au niveau des horaires de travail que des endroits desservis, ils utilisent en outre bien souvent des scooters au lieu des voitures, se faufilant ainsi aisément entre les files d’embouteillages. Majoritairement conduits par des immigrés sans papiers venus des Comores, de Madagascar ou d’Afrique. Ils sont la bête noire des taxis officiels qui leur reprochent de « leur voler leurs clients ». Régulièrement arrêtés par la police, ils reviennent pourtant sans cesse sur les routes mahoraises ; voyant là un bon moyen de gagner leur vie. Les clients ne s’embarrassent d’ailleurs pas de principes quand il s’agit de leur liberté de circuler. « À partir de 19h, il n’y a plus de taxis officiels pour se rendre en brousse. On est bien obligés de prendre les taxis mabawas qui, eux, sont là ! », se justifie Yasmine, une piétonne de Tsingoni qui travaille à Mamoudzou et finit tardivement ses journées.
En bref, c’est toute l’organisation de la profession qui est à revoir. Espérons que les taximen sauront se plier aux nouvelles règlementations. Et évoluer positivement sous peine de voir leur profession sombrer dès l’arrivée des bus sur le territoire !
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