Suspension des escales de MOL en Martinique : un coup dur pour l’industrie automobile locale

Un approvisionnement menacé

La Martinique fait face à une nouvelle crise logistique qui pourrait avoir des répercussions majeures sur le marché automobile local. La compagnie maritime japonaise Mitsui O.S.K. Lines (MOL), l’un des principaux transporteurs de véhicules neufs en provenance du Japon et d’Asie, a annoncé la prolongation de la suspension de ses escales au port de Fort-de-France, suspension qui dure depuis les incendies de véhicule sur le Port en octobre 2024. Cette décision ne sera revue qu’en avril 2025, soit 8 mois au moins avant d’avoir une escale de cette compagnie qui escale toujours en Guadeloupe.

Dans un courrier officiel daté du 20 février 2025, MOL justifie cette décision par l’insécurité autour du port, conséquence des émeutes et manifestations d’octobre 2024 contre la vie chère. L’entreprise évoque notamment des actes de vandalisme et l’incendie de 150 véhicules en stockage sur le port dans la nuit du 9 au 10 octobre 2024.

“Le port de Fort-de-France a subi des dommages lors des émeutes d’octobre 2024, notamment l’incendie de véhicules stockés. La sécurité publique s’est considérablement détériorée en raison des manifestations, incendies criminels et pillages dans la zone avoisinant le port.
Dans ces circonstances, nous estimons qu’il existe un risque pour nos navires, notre personnel et nos cargaisons. Pour des raisons de sûreté et de sécurité, nous avons donc pris la décision de suspendre l’escale en Martinique (port de Fort-de- France) pour notre navire opérant le service Japon-Caraïbes de fin mars.”

Cette suspension concerne le service Japon-Caraïbes depuis le mois d’octobre, et une réévaluation de la situation est prévue en avril 2025 pour envisager une éventuelle reprise.

Des impacts immédiats pour l’industrie automobile et le consommateur final

Le marché automobile martiniquais est fortement dépendant des importations, notamment des véhicules asiatiques. La suspension des escales de MOL signifie que les livraisons de voitures neuves en provenance d’Asie via Canal de Panama seront retardées entraînant des délais d’attente prolongés pour les clients.

Au-delà des professionnels du secteur, cette situation affectera directement les consommateurs martiniquais :

• Délais allongés pour l’achat d’un véhicule neuf : les clients devront patienter plus longtemps pour recevoir leur voiture, ce qui peut poser problème pour ceux qui dépendent de leur véhicule au quotidien.
• Une réduction du choix: à terme, la capacité totale disponible pour les marques en provenance d’Asie diminuant, la variété du choix pour les automobilistes pourrait se réduire.
• Difficultés pour les entreprises et les loueurs : les sociétés de location et les professionnels ayant besoin de renouveler leur flotte risquent de subir un impact significatif.

Vers une recherche de solutions alternatives

Face à cette suspension, les concessionnaires et importateurs cherchent déjà des solutions pour minimiser l’impact. Parmi les pistes envisagées :

• Réorienter les flux logistiques vers d’autres transporteurs pouvant desservir la Martinique. Cependant, le marché du fret maritime est restreint et les places disponibles sur d’autres lignes sont limitées.
• Rapatrier les véhicules via la Guadeloupe. Cette solution engendre cependant des coûts et des délais supplémentaires et créerait un déséquilibre entre l’offre disponible en Guadeloupe et celle disponible en Martinique. Cette option n’est cependant pas viable pour les volumes attendus par la clientèle et susciterait des surcoûts considérables, de l’ordre du millier d’euros supplémentaire.

Une situation à surveiller de près

L’arrêt des escales de MOL à la Martinique est un signal d’alerte pour l’économie locale. Si la suspension venait à se prolonger après avril 2025, cela pourrait accentuer la tension sur le marché automobile. Le secteur automobile, déjà confronté à des défis logistiques post-COVID et à l’augmentation des coûts du transport maritime, se trouve ainsi face à une nouvelle épreuve. 

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