Stéphane Nègre : « Créer une structure pour accompagner les jeunes en Guadeloupe »
Par Emmanuel Rolland | Le 30/01/2025 | Actu | News | Passion auto / moto | Sports mécaniques
Stéphane Nègre, sacré champion des rallyes de Guadeloupe en 2024, a brillé face à Sébastien Loeb et vise désormais de nouveaux défis. Entre performances, passion et engagement pour les jeunes pilotes, il dévoile ses ambitions pour 2025. Interview exclusive.
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Titré une nouvelle fois champion des rallyes de la Guadeloupe en 2024, avec au passage une belle deuxième place aux Grands Fonds derrière la légende Sébastien Loeb, et une participation à la Coupe de France des rallyes, Stéphane Nègre livre ses impressions à Oovango.com en ce début d’année 2025.
Stéphane, vous avez débuté votre campagne 2024 au Rallye Régional du Nord, avec Sydney Fulbert à vos côtés pour la première fois, mais au volant d’une Citroën Saxo VTS plutôt que votre Mitsubishi Lancer Evo IX habituelle. Pourquoi ce choix ?
Comme la saison allait être longue, l’idée était d’économiser la Mitsubishi. Nous avons eu la possibilité de rouler sur la Saxo pour le plaisir, et l’idée de se bagarrer face à des pilotes d’autres catégories constituaient également un beau challenge en soi. Au niveau du pilotage, c’est une autre approche aussi, il faut soigner ses trajectoires, les notes doivent tomber convenablement. Et c’était d’ailleurs une bonne chose pour Sydney, qui m’accompagnait pour la première fois dans le baquet de droite, c’était une belle découverte pour lui. L’intérêt était également le fait que l’on parcourait six fois la même spéciale, ce qui lui a donné l’occasion de corriger ses notes au fur et à mesure des passages. C’était un pur plaisir avec la Saxo, le son de la voiture est également différent, c’est agréable, ça change.
Du côté du résultat pur, vous débutez l’année avec une bonne troisième place au général [derrière Loïc Derussy vainqueur et Will Nallamoutou-Sancho, ndlr], et premier de votre catégorie, plutôt satisfaisant au final.
Effectivement, nous avions adopté un certain rythme en début d’épreuve, mais nous pensions être un peu à la traîne, c’est l’impression que nous avions dans la voiture. Mais on a vu au premier point stop que l’on était plutôt bien. Et terminer derrière Loïc et sa Mitsubishi R4, et Willy avec sa Skoda Rally2, c’était plutôt bien.
Est venu ensuite le mémorable Rallye des Grands Fonds sur la Mitsubishi, avec la présence de la légende Sébastien Loeb. Un grand souvenir ?
S’aligner aux Grands Fonds avec Sébastien Loeb, mais aussi Simon Jean-Joseph et sa Porsche, et face à une ribambelle de R5, c’était exceptionnel de voir ça. L’objectif était avant tout de marquer un maximum de points pour le championnat. Nous n’avons pas pris de risque le vendredi, où les spéciales étaient avant tout typées pour le show et pour le public. On a eu la vraie entrée dans le vif du sujet le samedi avec des spéciales comme Morne-à-l’Eau, Gosier ou Sainte-Anne. C’est là que l’on a commencé à faire la différence sur « les autres » avec Sydney, on s’est sentis à l’aise. On s’est fait plaisir, on n’a pas rencontré de pépin particulier, et on a décroché la deuxième place.
Un résultat comme une victoire pour vous ?
C’est vrai que c’est la performance que nous retiendrons de cette année 2024. Face aux R5, la lutte était belle, et je me suis amusé à signer le deuxième ou troisième chrono derrière Sébastien Loeb et Simon Jean-Joseph. Tout le monde était venu pour accompagner Loeb sur le podium, mais j’ai devancé mes adversaires. Pour nous, c’était un bilan correct, on était à notre place. On a évité tous les pièges du rallye, et on a atteint notre objectif qui était de marquer des gros points.
Et rouler face à Loeb, cela fait quoi ?
Avant d’être confronté à un pilote de ce calibre, on peut penser que l’on est rapide, mais on comprend qu’on a encore tellement de choses à apprendre. Il a démontré que l’on pouvait rouler beaucoup, beaucoup plus vite sur des routes que nous connaissons nous depuis une vingtaine d’années, alors que lui les découvrait. Je suis conscient de cet écart de niveau, je suis un amateur, un passionné.
Il y a eu ensuite un autre moment fort avec la finale de la Coupe de France des Rallyes en métropole, à Nice, cette fois avec Geoffroy Florane à vos côtés…
Là encore, j’étais sur un petit nuage. C’était ma deuxième fois en France [après Lunéville en 2016], et se retrouver sur la route du Turini, même si c’était dans le sens inverse, et avec plusieurs spéciales du Monte-Carlo, cela fait plaisir. Nous avons opté pour une voiture, la Mitsubishi Lancer Evo IX, qui puisse se rapprocher au maximum de la mienne en termes de préparation. Les reconnaissances étaient un peu délicates en raison des intempéries, mais on a réussi à rallier l’arrivée, ce qui était le plus important, et ce malgré un problème de turbo. Mais l’abandon de Lunéville en 2016 m’était resté en travers de la gorge, et je voulais remettre les compteurs à zéro, et me dire que l’on pouvait rouler dans l’hexagone et aller au bout.
Retour ensuite en Guadeloupe, avec une victoire au Rallye National de la Montagne, en compagnie de Sydney Fulbert. Une première victoire à l’issue d’une épreuve qui n’avait pas si bien démarré pour vous…
Oui, nous n’étions pas en grande forme au début du rallye. Nous avons rencontré un problème sur la Mitsubishi le jeudi soir, qui nous a obligé à déposer le moteur à deux reprises, et nous avons fait une nuit blanche pour nous aligner aux vérifications techniques du vendredi matin. Résultat, nous n’étions pas dans le rythme lors des spéciales du vendredi matin, et on a fini la journée bien fatigués. Mais samedi c’était autre chose. On a pu se reposer la nuit précédente, et commencer à rattraper nos trente secondes de retard. A ce moment-là, on se disait que l’on allait prendre ce qu’il y avait à prendre, et on a repris confiance. Puis nous avons fait un choix de pneus judicieux à un moment crucial du rallye, alors que la pluie est apparue. Cela a payé, et on a pu s’emparer de la tête du rallye. Dimanche, la bagarre, très attendue avec Loïc [Derussy] sur ses terres a été écourtée, et on a tracé vers la victoire.
Et vous finissez l’année avec encore une belle expérience en Martinique, au Rallye National des Champions. Et encore un podium, cette fois en compagnie de Charline Gérard.
Oui, nous avons décidé de faire l’impasse sur le Jarry Show en Guadeloupe car cela tombait juste avant le rallye des Champions en Martinique. Nous sommes arrivés sur des routes que l’on ne connaissait pas, il a fallu s’appliquer sur les notes sur des routes sinueuses, un peu comme à Nice. J’ai donné quelques conseils à Charline suite à mon expérience en finale de Coupe de France, nous avons repris la même technique, avec un temps très court pour des recos approfondies. Et le début d’épreuve a été délicat puisque, après une liaison de 45 minutes, le départ de la première spéciale a été retardé, et cela a tout refroidi sur la voiture, notamment au niveau des freins. Nous avons donc attaqué les premiers chronos en dedans, mais nous avons augmenté le rythme avec des plaquettes plus adaptées, et nous étions plus à l’aide, pour finalement terminer deuxièmes. Je remercie au passage le président et les membres de l’ASA Tropic pour leur accueil chaleureux, c’était une belle expérience. Cela roulait fort, il fallait suivre le rythme, mais cela s’est bien passé.
Il est maintenant l’heure de se tourner vers 2025, quel sera votre programme ?
L’objectif est de faire le championnat de Guadeloupe. J’ai encore un petit doute sur les épreuves auxquelles nous allons participer dans l’hexagone, car nous voulons faire la Finale de la Coupe de France en Normandie en octobre, et il faut marquer des points pour cela. Je pense faire une ou deux épreuves en Martinique, car il est difficile de ne pas retourner là-bas quand on y a goûté. Tout ceci est facile à dire, mais tout dépendra du budget, car cela coûte cher de se déplacer avec l’équipe et d’acheminer le véhicule sur ces épreuves. Nous voulons également sortir la Saxo sur une course ou deux pour nous faire plaisir au volant d’une petite voiture performante et fiable.
Quel regard portez-vous sur votre sport en Guadeloupe, mais aussi de manière générale ?
De notre côté, nous cherchons à encourager les jeunes à nous rejoindre. La FFSA permet à certains concurrents de s’aligner à des coûts moindres dans certaines catégories, où il est possible de rouler avec son véhicule de tous les jours. Et venir sur un rallye et y participer est l’occasion de voir ce que c’est vraiment, de rouler vite, de freiner au bon moment. L’idée est avant tout d’éviter que ces passionnés de vitesse se retrouvent sur des rassemblements inutiles, et surtout dangereux. Il y a trop d’accidents de la route à déplorer, et trop de familles meurtries en Guadeloupe, il faut lutter contre ça et nous avons un rôle à jouer. Malheureusement il n’y a pas, à ce jour, de structure pour encadrer ces jeunes chez nous. Il doit y avoir un cadre pour qu’ils puissent s’exprimer en auto, mais aussi en karting ou en moto. Nous avons un taux de mortalité important, c’est un point négatif sur lequel nous devons absolument travailler tous ensemble.
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