Ruddy Blonbou : « Les réseaux électriques ont une limite physique dans les îles »
Par Arnaud Murati | Le 22/07/2021 | Économie et politique
La volonté de la Commission européenne de voir les émissions de CO2 des véhicules neufs diminuer de 100% en 2035 entraine de facto un passage à l’électrique. Plus facile à faire à Paris que dans les territoires ultramarins, selon le directeur de cabinet du président du conseil régional de la Guadeloupe.
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Le compte à rebours est déjà lancé. D’ici 14 ans, voire même d’ici 9 ans, il sera très compliqué de vendre un véhicule thermique en Europe, car il brûle une énergie fossile pour se mouvoir. Bruxelles l’a fait savoir le 14 juillet dernier, à l’occasion d’une conférence qui présentait toutes les mesures destinées à faire en sorte que le continent n’émette plus de carbone à l’horizon 2050.
Mais l’idée de généraliser la voiture électrique se heurte bien sûr à certaines réalités : « Les réseaux électriques ont une limite physique dans les îles » signale Ruddy Blonbou, le directeur de cabinet d’Ary Chalus, le président du conseil régional de la Guadeloupe, « depuis les années 90 nous avons atteint un seuil, il y a des freins qui font que nous ne pouvons aller au-delà. » Ainsi, selon M. Blanbou, les bornes de recharge électrique « n’ont pas vraiment intérêt à être développées » car « elles feraient peser des contraintes sur le réseau. »
Une transition énergétique loin d’être simple
Explication : si des milliers de voitures électriques devaient se brancher demain sur le réseau public guadeloupéen, il faudrait augmenter la capacité de celui-ci pour satisfaire l’appétit des véhicules. Pour accroître la capacité, il faut introduire des énergies renouvelables, comme de l’éolien ou du solaire. Or, « on ne peut piloter la production issue du solaire ou du vent » explique Ruddy Blanbou, c’est-à-dire que ce qui est produit à un instant T se doit d’être consommé dans la foulée, sous peine d’être perdu.
Si le réseau électrique actuel n’est pas en capacité de répondre aux contraintes de demain, il existe toutefois d’autres solutions : « Nous réfléchissons à un nouveau modèle. J’aime bien le principe des stations-service » continue le directeur de cabinet. Ces stations pourraient être intégralement alimentées par des panneaux solaires, une ou des éoliennes et donc fournir une énergie enfin propre aux véhicules tout en n’ayant aucun impact sur le réseau électrique traditionnel.
Ruddy Blanbou préfère voir le côté positif de cette transition à marche forcée : « Cela va nous permettre de débloquer une situation que l’on croyait coincée » indique-t-il encore. Mais selon l’intéressé, outre la transition technologique, il s’agira aussi de réussir la transition sociale. Car l’entretien d’une voiture électrique demande en effet bien moins d’heures de main d’œuvre que celui d’un véhicule thermique.
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