Pas d’Outre-mer sans trafic aérien : quel rôle pour les biocarburants ?
Par Redaction | Le 27/02/2023 | Actu | Environnement | Green | News
Les Outre-mer ont un point commun, il est impossible aujourd’hui de les imaginer sans une desserte aérienne solide et à des prix accessibles. Il ne s’agit pas juste d’assurer des week-ends low-cost à Capri, ni de faire Paris-Marseille en avion plutôt qu’en TGV, non : la desserte aérienne des Outre-mer est tout simplement vitale et stratégique.
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Le secteur de l’aérien pris dans une double impasse
Pour autant, la trajectoire du trafic aérien mondial fait face à une double impasse, renforcée par sa croissance prévue. À ce jour, l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale) prévoit un doublement du trafic avant 2050. Les deux défis majeurs sont ainsi (1) la croissance de l’impact climatique en émission de GES émis (aujourd’hui voisin de 3% des émissions mondiales, principalement de CO2, chiffre augmenté avec trainées des échappements en altitude), et (2) la dépendance des hydrocarbures qui est totale. Rappelons que le carburant représente environ un quart des coûts des compagnies aériennes. Et davantage si le cours du baril augmente, sans qu’elles n’aient aucune maîtrise sur le coût de ce carburant. La raison pour laquelle des alternatives sont étudiées. Parmi elles, les biocarburants.
La piste sérieuse du biocarburant
Pour ces deux raisons impérieuses, les ingénieurs travaillent d’arrache-pied pour trouver des alternatives. Regardons aujourd’hui celle du biocarburant pour l’aviation, ou encore SAF (Sustainable Aviation Fuel). L’IATA (International Air Transport Association) estime que 65% de la réduction d’émissions pour atteindre les objectifs de contribution au NetZero de 2050. C’est-à-dire la neutralité carbone à l’échelle planétaire – pourrait être apportée par les biocarburants. Même si ce chiffre est contestable, le sujet est majeur.
Les biocarburants : une alternative crédible au carburant fossile
Les biocarburants sont des carburants liquides produits à partir de biomasse, telle que des plantes ou des déchets organiques, pour remplacer les combustibles fossiles. Les avantages des biocarburants pour l’aviation sont nombreux. Tout d’abord, ils réduisent les émissions de gaz à effet de serre (GES) : jusqu’à 80% de réduction par rapport aux carburants fossiles. En outre, les biocarburants peuvent réduire les émissions de particules, d’oxydes d’azote (GES puissant) et de soufre. Cela signifie que les avions peuvent être plus respectueux de l’environnement et de la santé humaine.
De plus, les biocarburants pour l’aviation peuvent être produits localement (par exemple en Guyane, où la biomasse renouvelable peut être disponible, à condition de bien la gérer). Ce qui réduit les coûts de transport et les risques d’approvisionnement en combustibles fossiles, et augmente l’autonomie énergétique des territoires. Les biocarburants peuvent également aider les compagnies aériennes à se conformer aux règlementations environnementales de plus en plus strictes. Les gouvernements et les régulateurs encouragent les compagnies aériennes à adopter des pratiques plus durables. Les bio-carburants pourraient être une solution.
Des expérimentations réussies et sur de longues distances
Des expérimentions sont menées, voici deux exemples concrets d’initiatives liées aux biocarburants pour l’aviation :
Le premier exemple est l’initiative « Flightpath » de la compagnie aérienne KLM. Flightpath vise à développer un système de carburant durable pour l’aviation, qui comprend des biocarburants produits à partir de déchets organiques, tels que des huiles de friture usagées et des graisses animales. KLM travaille en collaboration avec des partenaires dans toute la chaîne d’approvisionnement pour produire des biocarburants durables et réduire les émissions de CO2. En 2019, KLM a effectué son premier vol transatlantique alimenté à 100% de bio-carburant durable produit à partir de déchets.
Le deuxième exemple est l’initiative « Green Skies of Africa » lancée par la compagnie aérienne sud-africaine South African Airways (SAA). L’initiative vise à produire des biocarburants à partir de cultures indigènes, telles que le jatropha. Il s’agit d’une plante qui pousse dans des environnements difficiles et ne rivalise pas avec les cultures alimentaires. L’objectif est de produire des biocarburants locaux et durables pour l’aviation. Tout en créant des emplois et en stimulant le développement économique en Afrique. En 2016, SAA a effectué le premier vol commercial alimenté à 100% de biocarburant produit à partir de cultures africaines.
Pour autant, les biocarburants doivent relever de nombreux défis, dont celui de la rareté de la biomasse
Cependant, il y a encore des défis à relever pour les bio-carburants pour l’aviation. Tout d’abord, la production de bio-carburants pour l’aviation peut être coûteuse. Les coûts de production doivent être réduits pour que les bio-carburants soient compétitifs par rapport aux carburants fossiles. En outre, la production de bio-carburants doit être durable et ne pas entraîner de déforestation ou d’autres impacts environnementaux négatifs comme la concurrence avec les cultures alimentaires. Les matières premières pour les bio-carburants doivent être cultivées de manière durable, sans nuire à l’environnement ou aux communautés locales. C’est un point majeur, la ressource en biomasse est une ressource limitée. Il faudra la dédier aux usages stratégiques, comme l’aviation pour les territoires ultra-marins.
Il est également important de noter que les biocarburants pour l’aviation ne sont pas une solution qui répondra à tous les besoins des vols aériens, car pas disponibles de manière infinie. On a un précédent historique : paradoxalement, c’est l’arrivée du charbon au XIXè siècle qui a sauvé la forêt française de disparition par l’usage irraisonné et massif de la biomasse : les usages de la biomasse devront être soigneusement choisis. Les compagnies aériennes doivent investir par ailleurs dans des technologies telles que des avions électriques ou à hydrogène, pour compéter le panel de solutions en fonction des situations. Les vols long-courrier pour les Outre-mer relèvent de distances inaccessibles aujourd’hui aux technologies hydrogène ou électriques. Les biocarburants y ont toute leur place.
Les biocarburants ouvrent une nouvelle page, et les choses s’accélèrent
En fin de compte, les biocarburants pour l’aviation ont un potentiel considérable pour aider les compagnies aériennes à réduire leur impact environnemental. Plus particulièrement pour les vols long-courrier indispensables à la vie dans les Outre-mer. Cependant, il y a encore des défis à relever pour rendre les biocarburants plus compétitifs et surtout durables. Mais en tenant compte de la rareté de la biomasse. Les compagnies aériennes et les gouvernements doivent travailler ensemble pour développer des politiques et des règlements adaptés. Le gouvernement français a annoncé le 14 février 2023 sa volonté d’accélérer la mise à disposition de carburants renouvelables pour décarboner l’aviation. Cela sur fond de pressions réglementaires européennes et au moment où les Américains y investissent massivement, ont annoncé mardi 14 février 2023 des ministres. C’est une bonne nouvelle.
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