L’émergence des concessions à mobilité électrique dans les Outre-Mer

Par Léopold Gaillard | Le 04/12/2024 | Actu | Conseils achat / vente | Dossiers de la rédac' | Economie | Guides & Essais | Industrie | News

Alors que les fabricants de mobilité électrique se multiplient à travers le monde, les points de vente de produits 100% électriques deviennent également de plus en plus nombreux, y compris dans les Outre-mer. Focus sur l’émergence des concessions de mobilité électrique.

oOvango a investigué en découvrant les concessions e-Mob pour le deux roues et MG/Maxus/Silence pour les voitures particulières et professionnelles.

Quel est ce nouveau marché ?

Ces concessions fleurissent face à l’afflux de la demande et au nombre croissant d’acteurs sur le marché, y compris dans les Outre-mer. C’est le cas de nos deux concessions : MG/Maxus/Silence (présent en Guadeloupe, Guyane et Martinique) diffuse les trois marques depuis mars et e-Mob (présent en Martinique) a ouvert depuis août 2024 en distribuant une dizaine de marques de deux roues électriques (trottinettes, vélos, scooters, motos) et des quadricycles à moteur, eux aussi électriques.

L’objectif des deux concessions est clair : rendre accessible la mobilité électrique et répondre à un besoin de mobilité différent de celui déjà existant.

Concession MG/Maxus/Silence en Martinique
Concession e-Mob en Martinique

Si les concessions de mobilité électrique n’arrivent que maintenant, c’est car le marché est suffisamment mature pour le permettre. Deux principales variables peuvent inciter à se tourner vers cette technologie : le prix global et l’autonomie.

Quels critères de sélection ?

D’un côté, les marques proposent des produits suffisamment compétitifs par rapport à l’équivalent thermique. Du côté du deux roues, le prix peut même être 30% moins élevé dans certains cas. Le coût d’utilisation et d’entretien est dérisoire : grâce à la faible quantité de pièces d’usure, l’entretien se résume à une révision ponctuelle, bien moins onéreuse que sur la mobilité thermique. Autre aspect à prendre en compte, le bonus accordé par l’Etat. Dans les outre-mer pour le deux roues, une prime de 1000€ supplémentaire est déduite. Pour les voitures, selon les ménages, ce bonus peut être multiplier par 4 ou 5.

Autre incitation, la recharge. Le processus est différent de celui sur la mobilité thermique : au lieu de faire le plein de temps en temps, l’électrique peut être rechargé tous les jours sans besoin d’attendre à côté de la voiture. La durée est fatalement plus longue mais permet de se libérer de la contrainte de la station service. Il est possible de brancher son véhicule depuis une prise classique en 220 volts, qui sera toutefois plus longue à la charge qu’une borne domestique, nécessitant un investissement pour l’installation.

D’un autre côté, l’autonomie, principal critère pour la conversion vers l’électrique, est en constante amélioration grâce à une technologie mieux maitrisée par les fournisseurs. Si l’autonomie pouvait être une crainte par les consommateurs de deux-roues il y a quelques années, elle ne l’est plus grâce à des batteries capables de tenir en moyenne 200 kilomètres. Côté voiture, les autonomies sont suffisantes pour parcourir les routes des territoires ultra-marins. Rares sont les trajets de plus de 500 kilomètres.

En même temps, les performances n’ont rien à envier au thermique, bien au contraire. L’argument mis en avant est plutôt le confort : des cycles de recharge pendant la nuit et le silence à l’utilisation. Il existe des deux-roues dont les batteries sont amovibles, facilitant la recharge dans son appartement ou sa maison sur des prises 220v domestiques. Le coût de la recharge est compris 60 et 80 centimes, un atout supplémentaire pour le deux-roues électrique.

Qui est le public ?

Du côté de l’automobile, la clientèle passe du thermique à l’électrique par envie de nouveauté et de curiosité. Souvent ravis, très rares sont les clients faisant machine arrière : ils sont séduits par la praticité d’utilisation et le confort dû à l’absence de bruit. L’adaptation au changement n’est pas longue, les nouvelles habitudes liées à l’électrique sont même appréciées.

Pour le deux-roues la clientèle s’intéresse à la mobilité électrique plus par besoin que par passion du deux-roues. En effet, une partie de la clientèle cherche un mode de transport pratique. Une partie de la clientèle est composée d’anciens automobilistes à la recherche d’une solution plus confortable et pratique. Pour l’instant, cette clientèle est davantage représentée que les aficionados du deux-roues qui, eux, mettent plus de temps à prendre le virage.

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Un vrai gain pour la transition écologique ?

Pousser vers l’électrique pour soutenir la transition écologique peut s’entendre mais ne fait pas sens en tenant compte de la production d’énergie dans les Outre-mer. En effet, l’électricité est essentiellement carbonée à l’échelle d’une île. Toutefois il est possible d’utiliser le renouvelable à l’échelle individuelle :  l’installation de panneaux photovoltaïques chez soi peut permettre la recharge de son deux-roues depuis une prise 220 volts.

L’électrique comme alternative sérieuse ?

Dans cette industrie, trois acteurs majeurs doivent apprendre à collaborer : les consommateurs, les pouvoirs publics et les constructeurs/distributeurs. Le marché amènera les infrastructures, qui elles-mêmes amèneront le marché. Cette boucle rend la tâche plus ardue pour les trois typologies d’acteurs. Les sanctions tarifaires de l’Union Européenne ont été revues en août 2024 dans l’objectif de limiter l’import de véhicule à fabrication chinoise sur le Vieux Continent. Une décision économique qui ne plait pas aux concessionnaires automobiles, puisque nombreux sont les modèles produits en Chine.

Les véhicules électriques représentent entre 11% et 15% des nouvelles immatriculations en Europe. En juillet 2024, leurs ventes se sont estompées, passant de 14,6% à 13,5% par rapport à la période précédente, d’après le cabinet JATO Dynamics.

En suivant une logique de croissance, il est estimé que les deux-roues électriques peuvent gagner 20% de parts de marché chaque année sur les homologues thermiques. Attention toutefois, cette croissance cible essentiellement les modèles dédiés à la mobilité pure. Le thermique reste plébiscité par les puristes à la recherche de sensations, bien que l’électrique permette une nouvelle approche des frissons sur deux roues.

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Léopold Gaillard
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