Le covoiturage est-il l’avenir de la mobilité dans les Outre-mer ?
Par Redaction | Le 06/06/2023 | Actu
Mobilité Outre-mer bloquée : embouteillages, pollution, dépendance énergétique, coût élevé, transports publics inadaptés. Et si le covoiturage pouvais changer cela en Outre-mer?
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On peine à voir aujourd’hui une dynamique positive. Pourtant, le covoiturage en Outre-Mer peut venir bousculer cet état de fait, mais à quelles conditions ?
Sommaire
La mobilité dans les Outre-mer se trouve actuellement dans une impasse
Tout d’abord, le contexte général n’évolue pas dans le bon sens :
- face aux embouteillages monstres dans les villes et territoires ultramarins,
- aux horaires absurdes et contraignants que cela induit pour les enfants des écoles, les salariés ou les touristes,
- face à la mortalité routière plus élevée en outremer que dans l’hexagone,
- face à la pollution,
- face à une surconsommation énergétique trop carbonée
- et à un coût d’usage de la voiture très élevé pour les familles à revenue modestes, le «tout voiture» est condamné à évoluer.
En outre, la disparition subie ou programmée avant 2050 des carburants fossiles, aucune alternative ne s’impose à ce jour réellement. Il y a bien des tentatives (développement des véhicules électriques), mais elles sont coûteuses et ne sont pas satisfaisantes. En effet, leurs émissions de Gaz à effet de serre sur l’ensemble de leur cycle de vie, au moins tant que l’électricité reste très carbonée, comme à La Réunion, Mayotte ou aux Antilles.
Le covoiturage est une des solutions de mobilité en Outre-Mer
Avant d’aborder la piste du covoiturage en Outre-Mer, examinons deux vecteurs de mobilité souvent invoqués : les transports en commun, et le vélo à assistance électrique.
Le TCSP en Martinique a ouvert un premier tronçon en 2018, mais à quel prix ?
Les transports en commun traditionnels (ligne numéro tant qui fait tel parcours avec telle régularité) sont très coûteux pour la collectivité, et peinent à atteindre la capillarité nécessaire.
À la Martinique, le TCSP (De son nom commercial BHNS) tant attendu et finalement déployé en 2018. Il n’assure, qu’avec ses 13,8 km et ses 18 stations, qu’une section limitée de trajet, au prix d’aménagements pharaoniques de la chaussée pour un coût total de 380 millions d’euros. Il n’est pas simple d’accéder aux vraies données de trafic passager, mais ce chiffre : 380 millions d’euros est à rapprocher du Grand Plan Covoiturage annoncé par le gouvernement en décembre 2022, pour l’ensemble du territoire national, de… 150 millions d’euros.
Il ne s’agit pas ici de dénigrer l’effort de transport collectif. Mais seulement de se rendre compte des investissements considérables qu’ils impliquent, pour une portée géographique limitée. Il faut aussi ajouter que ces lignes induisent une forme de monopole (le service de transport) dont une des premières conséquences est de susciter des grèves qui, lorsqu’elles arrivent, pénalisent très fortement, voire prennent en otage les usagers, et les mettent en insécurité par rapport à leur besoin de mobilité. On le voit, l’existence d’une mobilité partagée avec une capillarité pertinente est un besoin auquel aujourd’hui les réseaux de transport en commun traditionnels ne répondent que très partiellement.
Le vélo à assistance électrique transforme la mobilité, si des pistes sécurisées existent
Le vélo à assistance électrique, qui se généralise massivement sur le continent européen, quel que soit le relief et la pluviométrie, reste une activité suicidaire dans les Outre-mer.
Rien n’est prévu pour que l’usager réalise une partie de ses déplacements (généralement ceux de moins de 5 km) à vélo, vélo-cargo ou autre véhicule à assistance électrique ou pas.
On le répète sur Oovango chaque fois que possible, l’urgence pour amorcer cet usage bénéfique pour l’environnement comme pour les usagers, c’est de créer 200 km de pistes cyclables sécurisées dans chaque territoire. L’accès à une mobilité active et décarbonée devrait faire partie des droits fondamentaux !
Le Covoiturage est en plein développement
Le covoiturage est, selon le code des transports (article L3132-1) : « utilisation en commun d’un véhicule terrestre à moteur par un conducteur et un ou plusieurs passagers, effectuée à titre non onéreux, excepté le partage des frais, dans le cadre d’un déplacement que le conducteur effectue pour son propre compte »
Le covoiturage multiplie les avantages qui surpassent les inconvénients dans la plupart des cas.
Pour les utilisateurs, le principal argument en faveur du covoiturage allie les économies réalisées, l’augmentation du lien social ou encore l’aspect vertueux en matière de lutte contre la pollution (si moins de voitures circulent). La performance du temps de trajet peut-être comme détériorée par les arrêts ou détours que peut nécessiter la prise ou dépose de covoitureurs par rapport à un trajet autosoliste (sans considération donc du fait que la congestion peut être réduite par une réduction de nombre de voitures utilisées).
Le covoiturage est un des éléments d’un système de mobilité
Pour la collectivité, la réduction de la pollution est un enjeu. Tout comme celle de la congestion, et du besoin de stationnements induit, le covoiturage peut également apparaître comme une solution. Il comblera ainsi les déficits d’offre de transport sans générer de coût d’offre de transport public, dont on a vu qu’ils peuvent prendre une ampleur considérable avec le TCSP.
L’insertion sociale (droit à la mobilité), voire le simple lien social, fait également partie des thèmes sur lesquels elle peut y trouver un avantage.
Enfin, la sécurité des déplacements peut aussi être évoquée. Le nombre de voitures en circulation, mais aussi conduites en covoiturage pourrait être plus calmes et respectueuses que les autres
- pression sociale par rapport aux passagers présents face auxquels on:
- s’oblige à faire bonne impression,
- à conduire confortablement, prudemment, pour augmenter leur confort et sécurité, voire leur envie de réitérer le covoiturage),
- hypothèse à mesurer également face au déficit d’attention que pourrait au contraire causer la présence de davantage d’interlocuteurs générateurs de conversations/distractions potentielles.
Pour les employeurs, on évoque:
- l’agrandissement possible de leur bassin d’emploi,
- une réduction des besoins de stationnement,
- des moindres fatigues et stress des employés qui covoiturent,
- un développement bénéfique du relationnel entre collègues,
- une image plus vertueuse de l’entreprise 1.
Cela étant posé, pour un déploiement bénéfique du covoiturage en Outre-Mer dans le mix de mobilité, plusieurs points méritent d’être signalés. Une analyse fine des besoins de chaque territoire est nécessaire.
Tout d’abord, il existe de multiples formules de covoiturage:
- celles qui s’apparentent à de l’auto-stop (nou-la.com) à celles qui s’occupent davantage du longue distance (comme blablacar.fr dans l’hexagone) ;
- celles qui s’intéressent aux trajets domicile – travail réguliers ou celles qui relèvent de lignes fixes et régulières. Une analyse fine des besoins des ultra-marins est nécessaire.
Mais il est certain que le spectacle (et l’expérience !) affligeants d’embouteillages avec un seul occupant, malheureusement quotidiens, doit appartenir au passé.
Le Covoiturage, un des piliers de la mobilité du futur notamment en Outre-Mer.
Par ailleurs, la mobilité, c’est la flexibilité et la fiabilité, et il faut se garder de tout manichéisme. Il restera sans doute une complémentarité entre tous les modes de transport. En effet, le covoiturage nécessite aussi quelques aménagements de voirie pour bien fonctionner (parkings etc.).
À l’heure de la data et de l’IA, il doit être accessible de concevoir un système multi-modal bien plus optimisé qu’actuellement. À condition de bien fixer les objectifs et de valoriser ce qui doit l’être. La décarbonation et la sobriété du système doivent figurer parmi les priorités absolues. Avec une véritable analyse de la valeur des solutions, pour utiliser au mieux l’argent public et minimiser la consommation d’énergie par personne.
Tout cela était largement approximatif, car la data était rare et l’intuition – ou la politique – tenaient lieu d’outils de planification. Heureusement, les temps ont changé, mais cela exige de mettre en place une vision long terme et d’agir maintenant.
Le covoiturage, à n’en pas douter, doit être un ballon d’oxygène d’un système de mobilité aujourd’hui totalement obsolète en Outre-mer, à condition d’agir, maintenant.
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