La team ISAAC, pionnière de la catégorie VMRS

Par Ophélie Vinot | Le 26/04/2022 | Sports mécaniques

Aucun d’entre eux n’est professionnel ou averti dans le sport auto. Pourtant, ils ont créé une équipe, ISAAC (ISAAC Autoart). Laurent Alpou, Xavier Merlo, Ludovic Robert et Paul-Emile Lafontaine roulent désormais dans la catégorie VMRS (véhicules modernes de régularité sportive). Toute nouvelle catégorie du sport auto à La Réunion. Destinée aux amateurs et aux petits budgets, les quatre passionnés ont sauté sur l’occasion.

Laurent Alpou, pilote en thermique et électrique de la catégorie VMRS

Dans la vie de tous les jours, Laurent Alpou est ingénieur mécanique. « L’année dernière, on a fait le pari de monter une petite équipe automobile amateure, la team ISAAC », raconte-t-il. Depuis, l’équipe court toutes les courses qu’elle trouve, en amateur et à petit budget. En 2021, ils ont participé à 12 épreuves (parmi elles, des courses de côte, Battle Touge, Drive fast, rallye et sessions de pilotage à Piveteau).

Laurent pilote sa Subaru Impreza, 4 roues motrices, et sa BMW i3s en électrique. La team ISAAC a également une troisième voiture, une Honda Civic type R en traction. Avec trois architectures de véhicule différentes, l’équipe peut se permettre de choisir leur véhicule en fonction du profil de la course. « On essaye d’alterner les véhicules en fonction de l’épreuve. Par exemple, pour le rallye et la Battle Touge, on a privilégié la Subaru et la i3s. Pour les courses de côte, on a pris la Subaru et la Civic », explique Laurent.

En termes de pilotage, Laurent estime qu’il commence « vraiment en bas de l’échelle ». « Personnellement, j’ai commencé en métropole sur des circuits — et comme beaucoup de notre génération, sur les jeux vidéo — et pour l’instant je ne pense pas qu’on ait un super niveau mais on progresse », confie-t-il. « Le fait de pouvoir participer à des épreuves amateur, ça nous permet de nous tester et de voir comment on peut s’améliorer ! ».

Ludovic Robert, du web à la route

Au quotidien, Ludovic Robert est responsable développement web. Avant son intégration dans l’équipe ISAAC, sa seule expérience dans le sport automobile était quelques journées roulage ou slaloms. Depuis l’année dernière, il co-pilote Laurent au sein de la catégorie VMRS. Il a participé à deux courses sur trois. « Quand je ne peux pas être co-pilote, c’est Xavier qui prend le relais », indique-t-il.

En VMRS, le rôle du co-pilote diffère largement de celui du co-pilote en rallye classique. Cette catégorie relève d’un rallye de régularité. L’objectif est donc de maintenir une vitesse moyenne définie en amont. Le co-pilote doit « cadencer la vitesse moyenne du pilote, lui dire en permanence s’il est trop rapide ou trop lent, etc », explique Ludovic. « C’est complètement différent du rallye moderne, où son rôle est d’annoncer des notes au pilote pour qu’il anticipe les virages ».

Lors des reconnaissances, Ludovic note des temps de référence. « On met en place des repères visuels et on calcule les temps de référence qu’on aura pour ce rallye-là », note-t-il. Le co-pilote est donc là pour s’assurer que les temps durant la course correspondent bien aux temps définis au préalable. « Si on est en avance, il faut ralentir et si on est en retard, il faut accélérer ! ».

Ludovic Robert apprécie la catégorie VMRS car, selon lui, elle est « beaucoup plus libre et ouverte que le rallye moderne, qui est beaucoup plus strict et encadré ». « Ce qui est bien, c’est que la catégorie VMRS permet à n’importe qui de pouvoir intégrer le monde du rallye, de le découvrir de l’intérieur, de voir comment se font les pointages, comment se passent les reconnaissances, comment se déroule la partie assistance, etc », conclut le co-pilote, qui ne dirait pas non à « passer au rallye moderne plus tard ».

Xavier Merlo, une passion familiale

Xavier Merlo travaille dans les télécom. Passionné de rallye depuis le très jeune âge, il est tantôt pilote, tantôt à l’assistance au sein d’ISAAC. Il peut aussi être co-pilote en cas d’urgence, en remplaçant Ludovic.

Lors des courses de côte et Battle Touge, Xavier est au volant de sa Honda Civic type R de 2002 (200 chevaux). « Ce qui me plaît, c’est de rouler sur route ouverte », affirme-t-il. Son orientation rallye s’explique par une passion familiale. « J’ai beaucoup trainé dans les assistances de rallye, mon oncle était co-pilote ». Avec son frère, ils ont la même voiture. « C’est une voiture de famille », sourit-il. Pour lui, intégrer ISAAC et s’inscrire au sein de la catégorie VMRS permet de s’aider sur les différents rassemblements et de s’exercer dans un cadre sécurisé et convivial, « grâce au JAP974« .

À l’assistance, grâce à son expérience, Xavier est comme dans un poisson dans l’eau. « Dans cette catégorie, la préparation est bien plus allégée que sur les rallyes classiques », souligne-t-il. Son rôle, selon lui, est avant tout de soulager l’équipage. « Il faut préparer les outils, faire une vérification du véhicule à chaque assistance, vérifier qu’il n’y ait pas d’alerte particulière, s’assurer que l’équipage n’ait pas de difficultés. Parfois, ils n’ont que quelques minutes donc on prend juste le temps de débriefer et de leur redonner confiance », explique Xavier. « Il faut s’assurer que quand l’équipage repart, il n’ait plus rien à penser hormis se concentrer sur sa course ».

Paul-Émile Lafontaine, le coup de boost

Également passionné de rallye depuis son enfance, Paul-Emile Lafontaine s’occupe aussi de l’assistance. Il a intégré ISAAC grâce à son gendre. « Je me suis dit que j’allais faire de mon mieux pour tirer l’équipe vers le haut. Pour l’instant, ça va ! », estime-t-il. « J’essaye de leur remonter le moral dès qu’ils ont un coup de mou, je suis là pour eux ».

Quand on demande à Paul-Emile s’il aimerait passer au volant, il répond : « j’ai envie de piloter mais ça pousse tellement fort ! L’adrénaline est trop forte pour moi. J’ai déjà essayé mais ça ne me va pas ! », s’exclame-t-il.

L’électrique en rallye, c’est donc possible ?

Aussi bien sur la préparation du véhicule que sur la préparation mentale, les membres d’ISAAC ont déjà étoffé de nombreuses compétences sur l’année 2021. « En 2022, on aimerait capitaliser sur ce qu’on a appris par rapport à l’année dernière. Donc au niveau de la préparation des rallyes, sur l’organisation,… On a appris beaucoup de choses la première année. Des petites choses qui peuvent nous permettre de nous améliorer en termes de résultats », espère Laurent, qui ne cesse de communiquer sur la catégorie VMRS. « On invite tout le monde à venir et d’arrêter de pratiquer sur route ouverte, de venir pratiquer en étant encadré et que ça soit sécurisé », insiste Xavier.

Concernant la préparation des courses, l’équipe conseille de garder cette liste en tête :

  • s’inscrire, s’engager (1 mois avant)
  • se tenir informé(e) des événements
  • prendre sa licence ou la mettre à jour
  • préparation en amont pour un rallye : travail de reconnaissance et coordination avec le copilote
  • mécanique des véhicules : rendre le véhicule fiable et le rendre plus performant si besoin (et en fonction du budget que l’on peut accorder)

Laurent ajoute, d’expérience avec sa BMW i3s, que le travail de préparation est nettement plus faible avec une voiture électrique qu’avec une thermique. Au final, selon lui, la partie roulante est l’unique partie à vérifier. Il en va de même après les épreuves : les vérifications à effectuer sont moindres. « La voiture électrique est un gain de temps et, in fine, un gain d’argent », assure le pilote de la i3. « Et il ne faut pas dire ou croire que la voiture électrique a quelque chose d’anti-sportif. Elle permet juste de se focaliser sur le pilotage ». « Il n’y a pas thermique ou électrique : il faut prendre le meilleur des deux mondes », ajoute Xavier, mentionnant le mauvais regard fréquent à propos des voitures électriques.

Laurent concède néanmoins que « c’est encore nouveau et les personnes qui achètent une voiture électrique n’ont pas forcément envie d’aller faire du sport automobile avec ». « Beaucoup ont également tendance à penser qu’il faut prendre une Tesla, mais non, ce n’est pas vrai », ajoute-t-il. « Sur le marché, il n’y a pas vraiment de voiture électrique dédiée au sport automobile. Moi, j’ai choisi la BMW i3 car elle est spécifique, comparé aux autres modèles ».

Si Laurent Alpou a investi dans sa BMW i3s, c’est notamment grâce à son châssis en grande partie carbone et son train roulant en aluminium, allégeant le tout de façon conséquente. « En général, on retrouve plutôt cela sur des supercars, des voitures qui valent 200.000€ », précise l’ingénieur en mécanique. « La version de base [de la BMW i3s] fait environ 1.100-1.200kg. On est très loin des 1.600-1.700kg de la Zoe par exemple ». La marque allemande est également réputée pour posséder un train roulant « très fiable et très précis ». Avec ses 180 chevaux à peine, Laurent dit arriver à réaliser les mêmes performances que « des véhicules qui en ont beaucoup plus ». « Personne n’aurait cru que j’aurais pu faire du sport auto avec ma BMW i3. Et pourtant je peux vous assurer qu’elle est plus fiable, même mécaniquement parlant, que mes deux autres véhicules qui sont censé être des sportives », affirme-t-il. Le tout pour moins de 40.000€.

Laurent apprécie particulièrement les sensations avec l’électrique. Le problème reste l’appréhension de la recharge, mais selon lui, « il suffit juste de s’adapter », ajoutant qu’il n’a « jamais eu de souci » depuis qu’il a commencé le sport auto à La Réunion. Il souligne également l’amélioration des infrastructures favorisant l’électrique. On pense notamment au circuit Félix Guichard, où des bornes de recharge devraient rapidement être installées. Autre problème, qui semblerait néanmoins surmontable : les pièces ou les composants nécessaires manquent parfois sur l’île, étant donné le statut encore très récent des véhicules électriques. À cela, l’ingénieur en mécanique évoque la prise d’initiative et l’innovation nécessaire aux pilotes pour les trouver sur d’autres véhicules, par exemple.

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