L’import direct de pickup, vraiment une bonne idée ?
Par Aurélien Voirin | Le 08/07/2021 | Conseils achat / vente
En Outre-mer, importer le pickup de ses rêves depuis l’étranger peut se réaliser assez facilement lorsque celui-ci provient d’un pays européen. Dans le cas contraire, mieux vaut bien se renseigner auparavant car l’indispensable homologation se révèle parfois problématique dans certains territoires, ou tout simplement coûteuse lorsque l'on choisit un pickup particulièrement déraisonnable.
-
03/12/2024
L’actu des sports mécaniques du 3 décembre
La finale du GTWC a désigné son gagnant, la Formule 2 devra
-
02/12/2024
Changer les roues de sa voiture : illégal ?
Pour de nombreux automobilistes, changer une roue ou un pneu est
-
29/11/2024
Lancement des nouveaux Macan et Taycan électriques chez Porsche Guadeloupe
La concession Porsche Guadeloupe a célébré le lancement du nouveau
-
29/11/2024
Tout savoir sur la climatisation pour moto : confort et innovation sur deux roues
La climatisation pour moto : une innovation révolutionnaire !
Nombreux sont les automobilistes ultramarins pour qui conduire un pickup est un rêve d’enfant. Mais que faire lorsque sous la contrainte croissante de la fiscalité française, le modèle que l’on souhaite acquérir n’est officiellement pas ou plus distribué en Outre-mer ? Pas de panique, tout n’est pas perdu : il reste encore la solution de l’importation. En effet, à condition de respecter strictement la procédure d’homologation, un pickup neuf ou d’occasion venant de l’étranger (âgé de moins de 30 ans et pesant moins de 3,5t) peut tout à fait rouler sur les routes françaises !
En premier lieu, il faut bien évidemment importer le véhicule depuis l’étranger en le transportant à ses frais (par voie maritime le plus souvent) jusqu’au territoire d’Outre-mer concerné. L’automobiliste désireux de se procurer par exemple un pickup américain tout équipé est libre d’en dénicher un là-bas, puis de le ramener aux Antilles-Guyane ou même vers l’océan Indien. À ce stade, il peut choisir de le faire lui-même, ou bien passer par les services d’un intermédiaire spécialisé, puisque de nombreux professionnels indépendants proposent de prendre en charge toute la procédure d’importation et d’homologation du véhicule de votre choix.
Un membre de l’association guadeloupéenne American Us Car Event, David, se souvient : « J’ai acheté neuf il y a plusieurs années mon pickup Dodge Ram de 325cv en allant le chercher moi-même au Canada. Tous les organismes de contrôle étant en Hexagone, j’avais dû passer à l’époque par American Cars à Paris, ce qui m’avait coûté 4000€ rien que pour le faire homologuer, sans compter 15 000€ de transport et de taxes d’entrée sur le territoire ! Néanmoins, je ne regrette pas car depuis 11 ans ce pickup me permet de travailler dans la maintenance industrielle en transportant des machines de plusieurs tonnes. Et il est de toute façon devenu fiscalement aujourd’hui quasiment irremplaçable ! »
Cependant, il faut être conscient que procéder ainsi c’est aussi un peu partir à l’aventure, il peut y avoir en effet des mauvaises surprises aussi bien avec le véhicule qu’avec l’intermédiaire quand on décide d’en solliciter un. Certains d’entre eux étant extrêmement professionnels, d’autres beaucoup moins… Et là où commencent parfois les problèmes, c’est quand il faut faire ensuite entretenir ou réparer le véhicule importé après que ce dernier ait été modifié (pas toujours dans les règles de l’art) en vue de l’homologation.
Et puis, il y a deux moyens de procéder : soit l’acheteur mandate un revendeur qui perçoit le montant total de l’acquisition avant de se déplacer ensuite à l’étranger pour acheter en son nom le véhicule, ce qui est évidemment très risqué pour l’acquéreur initial. Soit un intermédiaire de transit est mandaté par l’acheteur pour importer le véhicule, mais cette fois il ne perçoit pas le montant de la vente du véhicule car celui-ci est versé sur un compte séquestre directement par l’acheteur jusqu’à réception finale du véhicule par le client, ce qui est éminemment plus sécurisant pour lui.
« Je suis intermédiaire de transit depuis 2016 entre La Réunion et d’autres pays européens comme la Suisse, l’Angleterre et l’Italie. Je traite aussi en partenariat avec Drive Car Paris quand il s’agit de l’Allemagne ou avec JB motoring sur Aix-en Provence quand les véhicules proviennent des Usa, du Canada et du Japon. Je pratique généralement des prix inférieurs d’environ 5000€ à ceux du marché, ce qui fait venir vers moi plutôt une clientèle de jeunes réunionnais au pouvoir d’achat plus limité, dont un tiers sont des femmes. », explique Nicky Clain de Nicky Import Auto 974.
« Voici comment se déroule une importation type : un client remarque un véhicule qui lui plaît sur un site de vente en ligne de son choix, puis il me contacte afin de me demander mon avis ainsi que le coût d’importation et d’homologation. Puis si tout est ok, il passe par moi pour acheter le véhicule en versant le montant sur un compte séquestre. Ensuite, je contacte le vendeur à sa place, ce qui rassure l’acheteur. On évite évidemment les véhicules modifiés et les vendeurs suspects. Si le client confirme, on achète. S’il change d’avis, il est intégralement remboursé. J’ai donc moi-même tout intérêt à m’assurer que mon client sélectionne des véhicules parfaits dès le départ ! », poursuit l’intermédiaire de transit.
« Ensuite, je récupère moi-même le véhicule sur place pour contrôler son état, avant de le déposer au port du Havre avec un dossier comportant notamment un double constat de départ avec photos du véhicule. Il y a un départ vers La Réunion tous les 15 jours, le client et moi-même suivons le cheminement du navire par satellite en temps réel sur le site web de Marine Traffic. Et il faut environ 5 semaines au navire pour atteindre l’océan Indien où mon client devra réceptionner ensuite son véhicule en soldant le transit douane -il s’agit des frais portuaires et des taxes d’octroi de mer régionales en fonction de la cylindrée- ou bien en faisant éventuellement un constat s’il y a eu un problème afin que l’assurance maritime intervienne. Et quand le véhicule importé n’est pas européen, il faut en plus le faire homologuer, ce qui peut générer beaucoup d’attente supplémentaire car l’UTAC vient seulement deux fois par an à La Réunion. »
Effectivement, que l’on gère soi-même l’importation ou que l’on passe par un intermédiaire professionnel, un pickup étranger provenant d’un pays non européen doit obligatoirement être modifié puis homologué par un organisme agréé afin qu’il soit intégralement conforme à la réglementation française. Par exemple, les faisceaux électriques des clignotants arrière rouges des pickups américains doivent être absolument remis aux normes sous peine de ne pas obtenir l’homologation, idem bien sûr pour la correspondance de leurs normes d’émissions sonores et de pollution ou encore pour leurs rétroviseurs plats plutôt que concaves. Or, en France il n’y a qu’un unique organisme agréé pour homologuer les véhicules étrangers en coordination avec la DEAL et le ministère des transports, il s’agit de l’UTAC.
« On se déplace à la demande de la DEAL directement ou via le Ministère des Transports. Concernant l’Outre-mer, on le fait seulement vers La Réunion actuellement où le volume constant de véhicules à homologuer nous a incité à planifier chaque année 2 déplacements : l’un fin mars, l’autre fin septembre. Les homologations de Mayotte se font d’ailleurs là-bas aussi. », résume Monsieur Favet, un responsable de l’UTAC-ceram.
« L’homologation est une procédure longue et minutieuse qui nécessite une demi-journée complète pour chaque véhicule, et surtout il nous faut absolument une piste d’essais sur place ! Ainsi on utilise le circuit de la Jamaïque à La Réunion, tandis qu’en Hexagone il s’agit de celui de Montlhéry dans le nord et celui de Mireval dans le sud. Nos coûts logistiques pour déplacer nos matériels métrologiques d’homologation ne sont pas les mêmes selon les distances et selon les circuits : pour Montlhéry par exemple, il faut compter environ 2000€ pour une réception à titre isolé, à La Réunion c’est évidemment plus cher. Aux Antilles, on dialogue actuellement avec la DEAL pour mettre en place les mêmes déplacements vers la Guadeloupe ou la Martinique. On espère y parvenir l’année prochaine peut-être …si toutefois on nous propose un circuit d’essais. »
TMS Custom Parts est un service réunionnais d’importation et d’homologation de véhicules en provenance de Dubaï, du Japon, de l’Angleterre et des USA qui sollicite justement régulièrement l’UTAC depuis 2013. Pour environ 5500€, l’entreprise prend en charge l’importation, la préparation technique du pickup étranger, puis son homologation via le site web d’enregistrement RTI de l’UTAC qui permet à l’organisme de planifier ensuite ses déplacements semestriels vers La Réunion.
« Il faut que le véhicule corresponde parfaitement aux critères du site de l’UTAC. Si le pickup est américain, nous devons par exemple avoir ses mesures EPA ou VECA dans son dossier pour que l’on puisse faire une simple correspondance européenne avec ces critères américains de pollution. Sinon, on est alors obligé d’expédier le véhicule vers l’Hexagone car la machine utilisée par l’UTAC pour homologuer le niveau de pollution n’est pas transportable ici à La Réunion. », détaille Kevin de TMS.
En Martinique, Cyrille Frédérique et les autres membres d’American Cars 972 n’ont pas le choix : pour faire homologuer leurs véhicules américains nouvellement importés, ils font désormais directement appel à un électricien qui prépare tous leurs véhicules avant l’homologation. Et comme ils ne peuvent plus attendre un hypothétique retour de l’UTAC aux Antilles, ils ont fini par trouver une solution alternative de secours.
« Jusqu’à 2011, l’UTAC venait encore ici. Mais cet unique organisme français d’homologation a besoin d’un circuit d’essais, ce serait cela qui bloque depuis des années apparemment. Comme ils ne viennent dorénavant plus ici, nous avons dû trouver en accord avec l’UTAC un mécanisme avec la Guadeloupe voisine pour faire venir une filiale de l’organisme allemand d’homologation TUV. On leur fait tout tester et homologuer sur le véhicule importé, puis on poursuit avec un contrôle technique. Et si tout est conforme sur le véhicule, la DEAL nous délivre ensuite l’homologation et la carte grise. »
On le voit, l’importation d’un pickup en Outre-mer reste encore tout à fait possible en 2021. Toutefois, les automobilistes ultramarins ne sont pas tous logés à la même enseigne lorsqu’il s’agit de faire homologuer un pickup étranger pour qu’il devienne conforme aux normes européennes. Certains territoires d’Outre-mer ayant plus de facilité à faire venir à moindre coût un organisme d’homologation, d’autres ayant pour leur part des coûts d’importation moins élevés du fait de leur plus grande proximité avec le marché américain par exemple.
C’est donc à chaque automobiliste ultramarin de soupeser depuis le territoire où il se trouve l’intérêt financier d’importer ou non un modèle précis de pickup étranger plutôt qu’un autre …pour qu’ensuite la bonne idée de départ ne tourne pas au fiasco. Et puis dans tous les cas, l’import direct de pickups ne présenterait aujourd’hui encore un réel intérêt que lorsqu’il concerne un véhicule aux performances et à la fiscalité vraiment très spécifiques.
Laisser un commentaire