Embouteillages, fermeture, coûts faramineux, retard de 10 ans sur la nouvelle route... La route du littoral rythme la vie des réunionnais. oOvango vous présente son histoire.
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La Route du Littoral est au coeur des discussions des réunionnais. Elle est l’une des routes les plus empruntées de l’île, reliant Saint-Denis la capitale au Port et à La Possession, franchissant le Cap Bernard. Cette route entre les deux coeurs d’activité de l’île, au bord de l’océan indien est systématiquement embouteillée aux heures de pointe. Elle est le lien indispensable entre le nord et le sud de l’île de la Réunion et une condition sine qua non pour la bonne santé de l’économie locale.
La Route du Littoral a la particularité (ou la malchance) d’être située en-dessous d’une falaise instable géologiquement. Nombreux ont été les éboulements de roches sur la route en contrebas, parfois tragiques, comme le 24 mars 2006 où tout un pan de falaise s’écroulait sur la route au lever du soleil. Les 30.000 tonnes de roche ont provoqué la mort de 3 automobilistes en contrebas, et la route fut fermée plusieurs semaines le temps de déblayer les éboulis. La route alternative, la Route de la Montagne, fut victime d’embouteillages conséquents, les réunionnais n’ayant pas d’autre choix que de l’emprunter.
Sommaire
L’histoire de la mythique Route du Littoral à la Réunion
À l’origine, le seul moyen de relier Saint-Denis à La Possession et aux autres villes du sud-ouest de l’île de la Réunion est la Route de la Montagne. Cette route, assez sinueuse, est rapidement jugée comme inadaptée à des besoins de transport qui grandissent à La Réunion. (photo : Département Réunion)
À l’après-guerre, une première étude sur les besoins d’un axe de circulation plus efficace entre Saint-Denis et La Possession est menée. Elle est notamment portée par Émile Hugot, un industriel, PDG des Sucreries de Bourbon et ayant une grande influence sur l’industrie de la canne à sucre.
3 solutions sont finalement retenues par les ingénieurs en charge du projet :
- Amélioration de la Route de la Montagne
- Création d’une route au sommet de la falaise
- Création d’une route en dessous de la falaise
Au final, la solution retenue sera la création d’une route en dessous de la falaise. Les travaux sont démarrés à la fin des années 50 et sont réalisés par une entreprise malgache.
En 1963 a lieu l’ouverture de la Route du Littoral à La Réunion (alors nommée « Route en corniche ») et permet aux automobilistes et camionneurs réunionnais de franchir la falaise pour la première fois. La « Route en corniche », longue de 13 kilomètres et franchissant le Cap Bernard, est une révolution pour La Réunion et ses habitants et elle devient rapidement l’axe routier le plus emprunté de l’île.
À l’époque, seul le chemin de fer réunionnais reliait directement La Possession à Saint-Denis sans passer par La Montagne, grâce à des tunnels et un passage à Grande Chaloupe.
La Route en corniche était une route « simple » à deux-voies. Rapidement submergée, des travaux d’améliorations sont envisagés pour l’élargir et la transformer en 2×2 voies. Ce projet d’élargissement de la route voit le jour en 1976 après 3 ans de travaux et 230 millions de francs investis (120 millions d’euros 2022).
Quelle est la route la plus chère du monde ? c’est elle
L’histoire de la route de littoral se poursuit des années 80 à nos jours par des travaux massifs de sécurisation, à la fois du littoral et des falaises, pour empêcher les éboulements de roches sur la route. Des catastrophes ont pu être évitées grâce aux nombreux filets de protection qui recouvrent la falaise tout le long de la route. Les centaines millions d’euros investis pour la sécurisation et la maintenance de la route lui ont valu le nom de « route la plus chère du monde ».
En dépit de ces travaux conséquents et des nombreuses études d’ingénierie pour la sécurisation de la route, 23 personnes sont mortes à cause des chutes de roche entre l’ouverture de la route et 2012.
Un basculement de la route souvent nécessaire
Pour protéger les automobilistes lors d’épisodes météorologiques, la route modifie ses chaussées. Elle est basculée en configuration 2+1 (au lieu de la configuration 2+2 habituelle), laissant une voie de circulation vide sur la route du littoral. Le basculement est indispensable dans la mesure où la route ne peut être fermée à la population tant elle est utile et empruntée. La fréquence des épisodes qui amènent sa fermeture est trop élevée. De même, les poids-lourds peuvent difficilement prendre la Route de la Montagne. Pour conserver l’accessibilité optimale de la route du littoral, une technique de basculement de chaussées a été mise en oeuvre.
À titre indicatif, la route a été basculée 64 jours en 2022, soit près de 20% du temps. La route est basculée de deux manières selon le contexte :
- Basculement côté mer (fermeture de la voie la plus proche de la falaise) lorsqu’il y a eu des fortes intempéries, qui peuvent déclencher des éboulements sur la voie.
- Basculement côté montagne (fermeture de la voie côté mer) lorsqu’il y a de la houle cyclonique qui fait que la mer submerge la route et l’inonde.
En cas d’épisodes extrêmes ou de travaux, une voie entière est parfois fermée, faisant de la route une simple double-voie.
Pour effectuer ce basculement de chaussées, le service des routes de la Région Réunion a deux machines qui déplacent des blocs de béton pour délimiter les voies de circulation voulues. Ces deux engins de transposition se prénomment Lady et Lafé (en référence au mot créole « ladilafé » (qui signifie rumeur). Les deux machines ont d’ailleurs fêté leur 25 ans en 2023.
« Route du littoral basculée… », « fermeture route du littoral… », « est-ce que la route du littoral est ouverte aujourd’hui ? » ces interrogations qui pèsent sur les réunionnais
Chaque jour des milliers de réunionnais empruntent la route du littoral, s’entassant dans les embouteillages journaliers, au pied d’une falaise qui peut engendrer des chutes de pierres. Chaque jour, ce sont près de 80.000 automobilistes qui empruntent l’axe routier le plus important de l’île. La route est presque systématiquement congestionnée aux heures de pointe, et les nombreux basculement (la route est en moyenne basculée 1 fois sur 5) pèsent sur les automobilistes et les poids-lourds qui ont besoin de cet route pour travailler.
Pour remédier à ce problème, qui ne fait que croître avec le temps (la population grandissant, le fret et le nombre de véhicules aussi), la Région Réunion a étudié un projet d’amélioration de la Route du Littoral dès la fin des années 2000. Naît alors l’idée d’une « nouvelle route du littoral ». Si des projets de tunnels sont évoqués, c’est finalement un projet de route sur pilotis dans la mer qui sera retenu, avec des viaducs et quelques parties sur la terre lorsque c’est possible.
Le projet est officiellement lancé en 2010 par Didier Robert, ancien président de la Région Réunion.
En 2012, la nouvelle Route du littoral, sur pilotis, est décrétée d’utilité publique.
En 2013, le projet se précise et se concrétise :
- La route sera composée de deux digues (1 et 5,7km) et d’un viaduc de 5,3km au large du Cap Bernard.
- Le projet sera mené par Bouygues, Vinci et GTOI.
- Le coût total du projet est chiffré à 1,66 milliard d’euros. À titre indicatif, le coût par kilomètre (130 millions) est 21 fois plus grand que celui d’une autoroute standard en France.
Un chantier interminable
Quand ont commencé les travaux de la nouvelle route du littoral ?
Les travaux ont commencé en 2015. Le viaduc de la Grande Chaloupe est fini et inauguré en septembre 2017.
La livraison de la nouvelle route du littoral était prévue pour 2020. Malheureusement, des erreurs dans les études préalables sur la quantité de matériaux nécessaire, notamment de roches ont stoppé le projet en 2020. En effet, il n’y a plus assez de pierres pour construire la digue. Le surcoût lié à l’approvisionnement ainsi que la pénurie de pierres sur l’île enterre la possibilité de faire une digue. Le projet d’une digue entre la Grande Chaloupe et La Possession est ainsi abandonné par Huguette Bello en février 2022, présidente de la Région Réunion, au profit d’un viaduc à l’instar de celui qui relie Le Barrachois (Saint-Denis) à la Grande Chaloupe.
Ouverture du viaduc entre Saint-Denis et la Grande Chaloupe en 2022
Le 28 août 2022 a eu lieu une percée majeure dans le projet : l’ouverture de la Nouvelle Route du Littoral, dans le sens Saint-Denis –> La Possession. Les automobilistes et autres usagers (piétons, cyclistes et bus) peuvent désormais emprunter l’immense viaduc sur 8,7km après 7 ans de travaux.
Où en est le projet de la NRL (nouvelle route du littoral) de la Réunion actuellement ?
Le chantier continue timidement après les annonces d’Huguette Bello. De nouvelles préoccupations écologiques font face, notamment sur la situation des accropodes (les « étoiles » de béton qui s’abiment, de même, l’endommagement des fonds-marins…). Si tout va bien, la mise en service totale de nouvelle route du littoral est attendue, selon les déclarations d’Huguette Bello, pour… 2028-2030. De nouveaux projets sont attendus, comme l’incorporation de davantage de transports collectifs, à l’instar d’un projet ferroviaire sur la route du littoral par exemple.
Combien coûte la nouvelle route du littoral ?
Aujourd’hui, le coût total du chantier est estimé à 2,4 milliards d’euros. Nous sommes déjà loin des 1,66 milliards d’euros annoncés en 2013. Le coût pourrait encore augmenter si le projet connait des problèmes.
Il se pose aussi la question de l’ancienne route du littoral, dont le coût de démontage est annoncé à 50 millions d’euros.
La pertinence finale et les coûts faramineux du projet, couplés au retard accumulé ont poussé certains élus et leaders d’opinion à le remettre en cause. En effet, de tels moyens financiers auraient pu être investis pour développer des situations alternatives à la voiture, comme des tramways urbains par exemple.
Le chantier de la nouvelle route du littoral est incontestablement l’un des plus grands projets que les DOM aient connu. Par-delà ses défauts et ses vices, on peut se réjouir l’existence d’un tel projet d’ingénierie dans nos territoires ultramarins.
Dans tous les cas, la nouvelle route du littoral n’est pas prête d’arrêter de passionner (ou de contrarier) les réunionnais. Affaire à suivre…
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