Alexis Dabrowski : « Nous sommes entrés dans un cercle vicieux qui finira par aboutir à l’arrêt du sport mécanique en Martinique. »

Par Archibald Libert | Le 20/03/2024 | Sports mécaniques

Après un passage en rallye, Alexis Dabrowski a fait son retour en 2022 en course de côte. Il pilote depuis sa mythique Demon Car, dont il a récemment présenté la nouvelle livrée. Pour vous nous l’avons rencontré, juste après son abandon sur la première épreuve de la saison, suite à un problème électrique avant même le départ de la course du Marin. 

Salut Alexis, tu pourrais nous résumer ce week-end, même si il ne s’est pas passé comme prévu ? 

« Oui bien sûr même si j’aurais aimé pouvoir un peu plus développer ! En montant au ralenti le matin pour faire la reconnaissance, j’ai directement senti que j’avais un gros manque de puissance. Nous n’avons malheureusement pas eu le temps d’identifier la panne à temps pour prendre le départ. Ce n’est qu’en rentrant que nous avons vu que deux fils avaient rompu dans un faisceau. Ce sont les aléas du sport mécanique. Cela m’embête surtout pour mes sponsors et pour mon équipe. On oublie trop souvent que derrière chaque pilote il y a plusieurs personnes qui travaillent pour que tout se passe bien avant, pendant et après la course. »

Tu peux nous en dire plus sur la préparation d’un week end de course ? 

« Avec plaisir. Si on veut retracer la préparation d’un week-end de course en réalité il faut revenir bien en amont, avec la recherche de sponsors pour financer la saison, la préparation de la voiture, l’achat de pièces détachées, etc. Mais une fois ces étapes franchies, on rentre dans le vif du sujet généralement 48h avant le week end. Il faut faire un check up complet de la voiture, puis charger le camion. Le jour J, on installe le stand de l’équipe, une étape obligatoire pour mettre en avant nos partenaires. Vient ensuite la course, puis le soir on refait tout dans l’autre sens, on démonte le stand, on recharge le camion et on fait une révision de la voiture en rentrant. »

J’imagine qu’il faut énormément anticiper et toujours avoir du stock de pièces détachées, surtout lorsqu’on roule en Martinique. 

« Oui l’anticipation est la clé de la réussite dans ce sport surtout sur nos territoires. Que ce soit pour les pièces détachées mais aussi pour des choses beaucoup plus simples comme les repas pour l’équipe le midi ! »

Question plus générale maintenant, quel est ton avis sur le sport mécanique en Martinique, suite notamment à l’annonce de l’annulation de la course de côte de la fin du mois ? 

« J’avoue être extrêmement pessimiste concernant l’avenir du sport mécanique sur notre île. Et je ne suis pas le seul à le dire. Je pense que nous sommes entrés dans un véritable cercle vicieux, qui finira selon moi par aboutir à l’arrêt de toute l’activité de sport méca martiniquaise. Aujourd’hui il y a de moins en moins de courses et de moins en moins de pilotes engagés sur ces dernières. Le schéma est très simple ! 

Pour qu’il y ait des courses, il faut qu’il y ait des pilotes. 

Pour rouler, un pilote a besoin d’argent. Pour avoir de l’argent, il lui faut des sponsors. 

Pour avoir des sponsors, il faut que le sport soit médiatisé. 

Et pour que le sport soit médiatisé, il faut qu’il y ait des courses. 

Et ainsi de suite. Sans média, pas de sponsors, sans sponsors, pas de pilotes, et sans pilotes, pas de courses. »

Et avec ton ressenti de l’intérieur, pour apporter un peu d’espoir à nos lecteurs, quelle pourrait-être la solution afin de sortir de cette engrenage ? 

Je pense que la solution doit venir dans un tout premier lieu des organisateurs. Aujourd’hui il y a trois différents organisateurs de rallyes en Martinique. Je ne dis pas qu’il en faudrait un seul. Je pense simplement qu’ils devraient se réunir pour faire avancer les choses ensemble en mettant leurs egos de côté. Je pense aussi qu’il faut s’interroger sur le MRT organisé par l’ASA mont Pelée. A son lancement, j’étais partisan de ce gros évènement, il y avait beaucoup d’engagés, tout le monde avait joué le jeu, c’était chouette. Sauf que le MRT est devenu si gros en Martinique qu’il est aujourd’hui un peu en train de manger tout le reste. Il y a beaucoup de pilotes qui me racontent aujourd’hui qu’ils ne roulent pas en début d’année afin de garder tout leur budget pour cet évènement. Je pense donc qu’il a un choix à faire : continuer de développer le MRT ou alors soutenir les plus petits rallyes plus réguliers, et peut être plus à l’échelle de notre territoire. »

Espérons que la situation évolue dans ce cas. Pour finir, un petit mot sur cette saison à venir ? 

Même si elle a mal commencé pour nous, nous touchons du bois pour que cela ne se reproduise pas, après tout ce n’était que mon premier abandon lié à un problème mécanique ! L’idée va être comme toujours de prendre un maximum de plaisir durant les week-ends de course. Sur le planning, il ne reste plus tant d’épreuves que ça, mais on va quand même tenter de faire de bons résultats. L’année dernière j’ai gagné la course de côte du Gallion, j’aimerais remettre cela cette année. Et je ne suis pas si loin du record absolu de la course, donc à voir si je peux aller le chercher ! On verra course après course ce qu’il est possible de faire. Je travaille aussi sur un projet qui serait d’aller faire deux courses en Guadeloupe à la fin de la saison, on verra si j’arrive à trouver des sponsors sur place ! »

En attendant, vous pouvez retrouve Alexis et son équipe sur Instagram et les différents réseaux sociaux (Team Speed Pirates). Et lors de sa prochaine course au Galion en juin. 

Archibald Libert
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