Josué Roset : « On est dans le partage »
Par Emmanuel Rolland | Le 26/03/2025 | Actu | News | Sports mécaniques

Josué Roset, pilote automobile martiniquais de 35 ans, s'est rapidement imposé sur la scène locale. De ses débuts en voiture de sécurité à ses premières victoires, il partage sa passion pour le sport automobile et ses ambitions pour la saison 2025.
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Arrivé plutôt récemment sur la scène de la compétition automobile martiniquaise, Josué Roset fait déjà partie des figures de son sport sur l’île. A 35 ans, le pilote du Lamentin est conscient de sa chance de pratiquer sa discipline, et évoque sa volonté de partager sa passion avec le plus grand nombre.
Véhicules Team Perform’R | crédit photo : ow.artphotos
Josué, d’où vous vient cette passion pour le sport automobile ?
C’est une passion que j’ai depuis tout petit. Lorsque j’étais jeune, mon idole, comme beaucoup, était Simon Jean-Joseph. Il l’est toujours, et j’ai même la chance qu’il soit devenu un ami aujourd’hui, et il reste une référence pour moi. Mais pour en revenir aux origines de ma passion, tout petit, je n’avais pas forcément accès aux courses car le sport automobile n’était pas spécialement un hobby dans ma famille, mes parents n’étaient pas du tout adeptes du sport automobile. J’écoutais surtout les récits de mes amis d’école, qui avaient eu l’opportunité d’aller assister à telle ou telle course. Et puis j’ai toujours aimé regarder les rallyes à la télé.
Et cette passion, vous avez enfin pu commencer à la vivre un dès l’obtention de votre permis…
Josué Roset
Effectivement, mais, comme beaucoup de jeunes, quand j’ai eu mon permis, j’ai eu tendance à participer à quelques runs sauvages pour assouvir ma soif de vitesse. Puis en 2017, j’ai fait l’acquisition d’une Mégane RS. Et, lorsque j’ai pris son volant pour la première fois, j’ai compris que ce véhicule appelait au calme. Pour le dire simplement, j’ai pris conscience qu’avec cette voiture, je pouvais me tuer si je faisais « le con » avec.
La découverte des rallyes « de l’intérieur », de quand date-t-elle ?
C’est une opportunité qui s’est présentée à moi en 2018 lorsque l’ASA Tropic recherchait des voitures ouvreuses pour les 12 Heures de Saint-Marie. Là, c’est une partie de mon rêve qui s’accomplissait : me retrouver au volant d’une voiture sportive sur une route fermée, avec un copilote. C’était l’effervescence dans ma tête, mais on m’a rapidement rappelé que j’étais là pour assurer la sécurité de la course ! Mais j’ai profité quand même du parcours, et c’était une première expérience inoubliable. Et en 2019 j’ai continué à être sollicité par les différentes ASA pour être ouvreur sur d’autres rallyes. Surtout, au fil des années, ce rôle d’ouvreur m’a permis de prendre beaucoup en maturité au point de vue de la sécurité.
Le déclic pour passer côté course, cela s’est passé quand ?
Il y a eu la crise sanitaire qui a tout bloqué pendant un moment, puis cela a repris en 2022. J’ai à nouveau officié en tant que véhicule de sécurité sur des courses de côte. Puis il y a eu le MRT 2023 avec la voiture numéro 0. J’avais équipé la voiture d’un demi-arceau, les harnais… il ne manquait pas grand-chose pour passer en course, et j’ai eu le déclic. Et puis, un peu plus tard, Sébastien Sulter m’a permis de m’assoir pour la première fois dans un baquet de course, en me confiant sa 206 pour la course de côte du Marigot en septembre. J’ai éclaté en sanglots tellement j’étais content, et touché que Sébastien me confie sa voiture. Le risque était présent toute la journée, et encore plus palpable quand ce n’est pas ta voiture, mais c’était une sacrée expérience. J’étais heureux, j’avais vraiment accompli un rêve de gamin.
Comment s’est alors porté le choix du véhicule pour passer à temps plein à la compétition pour 2024 ?
Mon idéal était de faire l’acquisition d’une Mégane N4, et j’ai commencé à faire des recherches. Il y avait cette voiture que je suivais depuis 2017, et j’ai pris contact avec son pilote Dylan Contamine en Métropole. Je suis allé la chercher là-bas, puis la voiture est venue en Martinique à la fin de l’année 2023.
Avec une première victoire pour sa première sortie en Martinique…
Oui, c’était en janvier 2024, sur le slalom de Morne Rouge, que j’ai remporté. Première course, première victoire pour la Mégane effectivement. Puis il y a eu la première course de côte, l’épreuve du Marin, avec une victoire de groupe et de classe, et une cinquième place au scratch. Et le premier rallye du championnat de la Martinique, le Rallye Régional de la Ville de Saint-Joseph, où on termine cinquième au scratch, et vainqueur de classe, avec Ismaël Juste à mes côtés en tant que copilote.

Votre premier MRT en tant que concurrent reste également un grand moment ?
Oui, d’autant que les jours précédents ont été un peu particuliers pour moi avec une sortie de route en juin lors de la course de côte de Morne Raquette. Une sortie pas trop méchante, avec des dégâts minimes sur la voiture. Cependant, je m’étais quand même cogné la tête, et j’ai été transporté au CHU pour des examens. Je suis sorti de l’hôpital, et j’ai tout de suite entamé les réparations dès le mardi pour pouvoir être au départ du MRT, toujours avec Ismaël Juste. Nous étions en tête de notre classe, avant une crevaison qui nous a relégué en fond de classement. On a fait une belle remontada, on termine 14e au scrach, deuxième en N4 à 1’10 du vainqueur de la catégorie [le Barbadien Greg Cozier, ndlr] alors qu’on comptait plus de sept minutes de retard sur lui à un moment. Cela restait une belle performance.
Et pour conclure, le meilleur résultat de la saison en rallye avec une quatrième place au Rallye National des Champions…
Oui, une course riche en apprentissage au niveau de la gestion de course. Avec cette fois un autre copilote, Gianny Gabriel. Un ami à moi qui compte une grosse expérience, et avec qui j’ai énormément appris. On termine quatrième au scratch, vainqueurs en N4 à l’issue d’un rallye très disputé face à des pilotes très chevronnés [vainqueur de Rodrigue Théodore devant Stéphane Nègre, venu de Guadeloupe, et le champion Steeven Orosemane, ndlr] avec lesquels on a livré une belle bataille. Ce n’était finalement que le troisième rallye de ma carrière. Et ce résultat m’a permis, grâce à une certaine régularité, de terminer quatrième du championnat de la Martinique. A ajouter à ma quatrième place au championnat de la montagne, et mon titre de champion en slalom.
Quels souvenirs marquants garderez-vous de votre saison 2024 ?
Pour ma première saison en compétition, les deux événements phare resteront le MRT puis le rallye des champions. Le MRT était vraiment un moment fort avec la spéciale exhibition de Fort-de-France, qui était clairement un truc de fou. Juste le fait de porter une combinaison, on sent le regard et l’engouement du public, c’est impressionnant. Ma plus grande joie a été de permettre aux enfants d’approcher la voiture. On s’est volontiers prêter au jeu, ils étaient super contents. Je me suis souviens de moi enfant, quand je voyais ces voitures avec des étoiles dans les yeux. Aujourd’hui, je suis propriétaire d’une voiture de course, et si je peux réaliser le rêve de certains, je n’hésite pas. On est dans le partage avec son prochain. Ayant été de l’autre côté de la barrière il n’y a pas si longtemps, je sais les émotions que cela procure.
La saison 2025 a déjà débuté pour vous, avec une quatrième place sur la course de côte du Marin. Un résultat satisfaisant ?
Oui, c’était une rentrée très correcte, avec tout de suite de bonnes sensations. Je n’avais pas repris le volant depuis le dernier slalom en décembre [la course de côte du Marin a eu lieu le 9 mars, ndlr]. Mais les automatismes, c’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas. D’entrée, on a été assez rapides, on a su se rapprocher des meilleurs, et plus particulièrement des meilleures voitures de production. Et, autre satisfaction, j’ai bien amélioré mon chrono de 2024 sur cette épreuve.
Quel est la suite du programme pour Josué Roset en 2025 ?
Nous avons prévu de participer à toutes les compétitions de l’année en Martinique, sauf indisponibilité. Nous sommes toujours dans le bouclage des budgets, c’est un sport qui coûte quand même. Mais nous avons de bons partenaires qui nous donnent un bon coup de main depuis le début de l’aventure, notamment mon père et l’entreprise familiale, qui sont mes premiers sponsors. Et à l’heure actuelle avoir des partenaires qui jouent le jeu comme cela, ce n’est pas négligeable.
C’est difficile de trouver des budgets en Martinique pour faire ce sport ?
Ce n’est pas toujours évident, il faut savoir se vendre, comme dans tout sport. Il faut surtout savoir vendre un projet avec un retour sur investissement, et bien démontrer au partenaire que cela sera rentable pour lui en termes d’image. Et pour cela, les réseaux sociaux sont l’arme de prédilection pour se démarquer. Il faut savoir le faire, j’ai heureusement quelques connaissances niveau marketing en raison de ma formation, et j’arrive pour le moment à gérer ça au niveau de l’association.
Le rallye, c’est donc également une histoire de famille et d’amitié pour vous ?
Oui, et c’est une passion que l’on partage en famille puisque mon épouse Mélissa évolue également sur une voiture de course, en tant que copilote sur la Mitsubishi Lancer Evo IX R4 de Sébastien Sulter.
Sébastien Sulter et Mélissa Roset
Nos deux voitures étant réunies sous la même bannière, le Team Perform’R, dont je suis président de l’association. Lors de notre première collaboration lors du Rallye de Saint Joseph 2024, Sébastien a fait son premier podium avec Mélissa. C’était une belle entrée en matière. Et Mélissa est la première femme copilote du championnat de la Martinique, et Sébastien, troisième du championnat de la Martinique, est comme un mentor pour moi. Je prends beaucoup d’enseignements de lui. De manière générale, je me suis entouré de personnes humbles et très accessibles. Et Simon [Jean-Joseph] continue également de me donner de bons conseils.
Simon Jean-Joseph, c’est un incontournable dans votre parcours ?
Comme je le disais, j’étais fan de lui lorsque j’étais jeune, et il m’a toujours donné de bons conseils sur pas mal de choses. Sur sa vision de la course, sur l’importance d’avoir de bons réflexes, et de nombreux détails comme les pneus, les suspensions… Et lors de mes premiers essais sur la Mégane, il était l’un des premiers que j’ai appelés.
Malgré votre arrivée tardive sur le circuit, vous êtes devenu un incontournable de la discipline en Martinique. Comment avez-vous acquis rapidement ce bagage technique ?
Je n’ai pas suivi d’école de pilotage, mais le fait d’avoir officié sur une voiture de sécurité pendant des années a été très formateur pour moi. Cela m’a permis d’acquérir certains automatismes et un comportement qui m’a permis de sauter le pas en course. J’y ai appris également ce qui touche à la réglementation, et les reflexes à avoir au niveau du paddock, comment gérer une assistance. Au final, tu te prends au jeu, tu ramènes ton chapiteau, tu fais ce que tu as à faire, ça vient vite. Je veux également dire que l’on met souvent les pilotes en avant, mais un pilote n’est rien sans son copilote. C’est un chef d’orchestre, il gère tout. A l’assistance, le copilote a la gestion du temps, c’est lui qui donne les directives à l’équipe, en plus de son travail sur les notes. C’est un investissement immense.
La sécurité, c’est également un sujet qui vous préoccupe ?
Le sport automobile m’a permis de me responsabiliser au volant. Les runs sauvages sont loin derrière moi maintenant. Cela reste néanmoins un fléau pour les jeunes en Martinique, et il faut travailler pour diminuer le nombre de morts sur les routes. Quand tu fais la démarche de prendre une licence, tu deviens un acteur de la sécurité routière et de la prévention. Tu es censé donner l’exemple, et ne pas faire n’importe quoi. Je sais aussi que dans le baquet, la vie peut vite basculer, j’ai vraiment la notion du risque que l’on prend. J’ai aussi pleinement conscience que l’on a qu’une vie, et qu’il faut la vivre. Il faut trouver le juste milieu.
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