Laura Lopes : « C’est une fierté de représenter la Guyane »
Par Emmanuel Rolland | Le 02/08/2024 | Actu | News | Sports mécaniques
Pour oOvango, la motarde guyanaise revient sur son parcours : "Depuis toutes ces compétitions, j'ai toujours à cœur de représenter la Guyane à 100%" et ses actions en faveur des femmes dans la moto.
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Concessionnaire moto, organisatrice d’événements, compétitrice, Laura Lopes vit la passion du deux roues et son amour de la Guyane à 100%. Oovango s’est entretenue avec cette compétitrice dans l’âme, toujours prête pour de nouveaux challenges.
Lauras Lopes, vous représentez la région dans diverses compétitions sur deux roues, mais vous êtes Guyanaise d’adoption, et finalement à l’origine assez éloignée du monde de la moto ?
Effectivement, je suis originaire de la région parisienne, où j’ai commencé par exercer un emploi de contrôleuse de gestion, pas vraiment dans la moto… Mais, avec mon conjoint [Gérard Pauchet], nous étions venus en vacances en Guyane, et on a adoré ! En 2000, nous avons décidé de tout plaquer pour se lancer un challenge en y ouvrant une concession moto. Nous avions vu qu’il y avait un manque à ce niveau-là, cette idée nous est venue. Et nous sommes restés depuis.
Une concession qui a pris de l’ampleur au fil des années…
Nous avons ouvert la concession GL Motos à Cayenne, la structure a grossi au fil du temps, puis nous en avons ouvert une plus grande, Guyane Motorsports. Nous représentions alors des marques comme Suzuki, Honda, KTM, Kawasaki. Nous sommes à la base deux passionnées de motos, Gérard est préparateur moto de base, nous avons plaqué deux belles situations pour se lancer dans ce challenge.
Et c’est à partir de là que vous avez commencé à côtoyer des motards guyanais et à organiser vos premiers événements ?
Nous avons commencé à faire des sorties motos dans la région, à partir de là l’idée de rentrer en métropole ne nous est jamais revenue. Puis, étant compétitrice dans l’âme, Gérard également, nous avions à cœur d’organiser des compétitions en Guyane, notamment le Run de la Matourienne. Nous avons mis sur pied des compétitions officielles avec le soutien de la fédération française et des collectivités, nous avons pris beaucoup de plaisir à organiser cela. Nous avons voulu associer cela avec des actions axées sur la sécurité routière, avec la gendarmerie. Et nous avons toujours beaucoup soutenu les clubs de motocross locaux en les sponsorisant, pour qu’il y ait des compétitions en Guyane
Comment vous êtes-vous lancée personnellement dans la compétition de haut niveau ?
Comme j’aime la compétition, être seulement dans le rôle de l’organisateur, cela me frustrait un peu forcément. J’avais besoin de me confronter et j’avais aussi envie de passer à autre chose, passer à la gamme au-dessus. Et j’ai décidé de partir en métropole pour participer à des compétitions de vitesse, sur circuit, grâce à mes sponsors de Guyane. J’étais la seule fille d’outre-mer à participer à la Women’s Cup. J’ai couru au Mans, à Magny-Course, et j’ai disputé une course sur le circuit du Mans en marge des 24 Heures.
Et il fallait bien évidemment aller encore plus loin ?
Eh oui, nous avons eu ensuite l’idée de créer notre propre équipe, avec laquelle nous avons disputé à trois reprises les 24 Heures de Barcelone motos, et encore d’autres courses. En revanche nous avons dû arrêter l’organisation de la Matourienne, car il était difficile de tout faire.
Mais le soutien des motards guyanais ne s’est pas arrêté pour autant…
Absolument, car une piste de dragster a été construite au Surinam à cette période, pas trop loin de la Guyane, à 300 km de Cayenne. Ce qui a ouvert de nouvelles opportunités car il s’agissait d’une vraie piste, conçue pour les compétitions. Nous avons là aussi monté notre propre équipe, nous emmenions des motards de Guyane pour rouler là-bas, et j’ai même été sacrée championne du Surinam de dragster. Malheureusement, cette piste a fermé au moment du COVID, et on attend toujours que des compétitions reprennent là-bas. Quoi qu’il en soit, nous avons disputé toutes les courses au Surinam de 2014 à 2020.
Nouveau chapitre après le confinement, avec les compétitions d’enduro…
J’adore me mette des challenges, et quand ceux-ci sont accomplis, je veux passer à autre chose. Nous avons toujours fini les courses de 24 Heures sur piste, avec souvent des bons résultats. Mais, en Guyane, je ne pouvais pas m’entraîner sur circuit. Alors j’ai commencé à faire du tout-terrain, ce qui me permettait à la fois de continuer à piloter et d’entretenir ma condition physique. J’ai adoré ça, et je me suis lancée dans des compétitions tout terrain en métropole. C’est là qu’on commencé mes participations à des courses d’endurance comme le Trèfle Lozérien, ou la Ronde d’Auvergne, lors desquelles j’ai commencé à me forger une petite expérience dans la discipline.
Et bien sûr, vous avez voulu aller encore plus loin avec le Rallye du Sertao ?
Oui, ces premières courses d’enduro m’ont donné une petite expérience, mais nous avons voulu nous lancer un défi encore plus grand avec le Rallye du Sertao, au Brésil, avec Gérard également inscrit en course avec moi. Ça nous apporte beaucoup d’être à deux, on se motive, on se challenge à deux, ça aide. Le Sertao, c’est vraiment un truc de fou, comme un Dakar, en format un peu plus réduit, avec une grande variété de terrains : du sable, des cailloux, des canyons, de la forêt. On l’a disputé pour la première fois en 2020, et on a fini 40e et 41e. On était super ravis, on a fait quelques erreurs, c’était notre première fois sur ce rallye, mais on s’est préparés pour 2021 et on l’a refait, et on a fini cette fois 30e et 31e. Après cela, on n’était pas sûrs de le refaire.
Mais l’édition 2022 du Rallye du Sertao était particulière, il était impossible pour vous de la rater…
Ils ont annoncé une édition exceptionnelle en 2022, avec une traversée totale du Brésil, on n’a pas hésité. Il y a eu 14 étapes, sur jours avec 7500 km, avec des passages dans des endroits comme les chutes d’Iguazu, et une arrivée à Belem, à la frontière de la Guyane. Et puis le parcours était tellement étendu du sud au nord que nous sommes partis en saison hivernale pour arriver dans le nord dans le tropical. Un parcours encore exigeant, très difficile, on est encore allés au bout et, pour l’anecdote, nous avons terminé… 20e et 21e au scratch. Et dans notre catégorie Over 45 nous avons même terminé tous les deux sur le podium, deuxième et troisième. C’était magique.
Avec toutes ces participations à l’international, représenter la Guyane est un sentiment particulier pour vous ?
Depuis toutes ces compétitions, j’ai toujours à cœur de représenter la Guyane à 100%, avec Guyane Motorsport, et les couleurs de la Guyane sur mon casque et sur ma moto. Les gens en Guyane nous suivent, ils sont contents, il y a une certaine émulation.
Et l’apport en Guyane a également été important de votre part, pour la moto.
En Guyane, je peux dire sans prétention qu’on a apporté beaucoup de choses au monde de la moto. Mais, de notre côté, on ressentait le besoin d’aller plus loin dans le besoin de piloter. On a réussi à participer à pas mal de choses malgré cela. Cela a demandé de l’organisation, de l’entraînement et de la résilience.
Place maintenant à un nouveau chapitre, une nouvelle vie… et un nouveau projet. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous abordons effectivement une toute nouvelle phase de vie, car nous avons vendu la concession. Nous avons mis en place une belle équipe, suffisamment formée pour être indépendante désormais. Et oui nous avons des idées de nouveaux projets, dont on reparlera en temps voulu. Nous pouvons juste dire qu’il s’agit d’un projet qui sera utile en Guyane. Pour le moment, nous allons encore aller sur quelques compétitions en Europe, on va rentrer après l’été, et après on verra comment on s’organise au niveau de ce nouveau projet.
Votre actualité la plus récente, c’est l’Endurose?
Oui, c’est une petite compétition, 100% féminine d’enduro, où ne sont engagées que des femmes, venues de toute l’Europe. Une petite compétition mais qui reste exigeante, mais qui est surtout l’occasion d’échanger avec d’autres filles, dont certaines font le championnat de France, ou d’Europe, il y a quand même une centaine de filles au départ. Ce sont des parcours sur des chemins escarpés, que l’on découvre au fil et à mesure que l’on évolue, une centaine de kilomètres au programme, avec plusieurs spéciales chronométrées au milieu. En mai, il y a eu aussi le Trèfle Lozérien, plus exigeant, une course sur trois jours assez dure techniquement, vraiment une belle épreuve. Ce sont des parcours vraiment géniaux, des spéciales très longues, assez difficiles, mais je suis allée au bout. Maintenant, il est aussi temps de passer un peu de temps en famille, car depuis toutes ces années, on est loin.
Pour conclure, de par votre expérience, quels manques avez-vous constaté en Guyane pour la pratique de la moto en compétition ?
Des manques, il y en a dans tous les DOM, mais d’autres départements de la métropole ont les mêmes manques. Mais là, en plus, il y a l’éloignement qui complique encore les choses. Et dès que l’on peut organiser des choses localement, c’est bien. Après, on sait que l’on est limités du fait même du faible nombre de la population dans la région, il n’y a pas un potentiel suffisant dans l’absolu. Et plein de gens en Guyane auraient des envies de courir en circuit, en rallye, mais ce n’est pas évident. Mais, par contre, on se rend compte que l’on arrive à faire des choses dans les alentours. Il y a des possibilités au Surinam ou au Brésil, qui compte un beau championnat de motocross. Il y a de quoi se faire plaisir. Nous y participons à une dizaine de pilotes venus de la Guyane, il y a certes un peu de kilomètres à faire, mais il y a quand même cette possibilité également. Les possibilités de voyager autour de la Guyane se sont améliorées, cela permet de mieux bouger, c’est positif. Bien sûr, il manque beaucoup de choses, mais on arrive à faire avec et c’est aussi cela qui fait le charme de la Guyane.
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