Président de l’association Electro Ker, qui a pour but de communiquer autour du véhicule électrique et de promouvoir cette mobilité à la Réunion, Marc-Antoine Bru a expliqué à Oovango.com le développement de cette nouvelle technologie sur l’île intense, mais aussi l’évolution de la perception des usagers réunionnais au sujet des véhicules zéro émission, même si les clichés demeurent tenaces.
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Marc-Antoine Bru est le président de l’association Electro Ker, qui a pour but de communiquer autour du véhicule électrique et de promouvoir cette mobilité à la Réunion. Il a expliqué à Oovango le développement de cette nouvelle technologie sur l’île, mais aussi l’évolution de la perception des usagers réunionnais à ce sujet, même si les clichés demeurent tenaces.
Ancien officier de l’armée de terre, désormais à la retraite, Marc-Antoine Bru s’est installé il y a de cela plusieurs années sur l’île de la Réunion, à une époque où l’électrique n’était pas vraiment dans les mœurs. Lui-même avait un certain a priori face à cette technologie.
« Initialement, je n’étais pas spécialement favorable à l’électrique », explique-t-il à Oovango. « Mais j’étais en revanche conscient de la nécessité de l’arrêt à plus ou moins longue échéance des moteurs thermiques. En fait, pour moi, à cette époque, l’avenir était aux véhicules hydrogènes. Mais, en approfondissant le sujet, je me suis vite aperçu que l’hydrogène était aberrant, tout du moins en ce qui concerne le transport individuel. »
« Mais, avant 2010, l’électrique n’en était vraiment qu’à ses balbutiements, avec une autonomie ridicule. Puis est arrivée Tesla, qui proposait des véhicules avec une autonomie qui était déjà plus surprenante à l’époque. Nissan a commencé à arriver, mais avec des petites batteries, assez faibles. Et j’ai ainsi réellement commencé à approfondir mes connaissances sur les différentes technologies liées à la mobilité. J’ai renforcé mon expertise sur le sujet avec des ingénieurs, notamment. Et de fil en aiguille, j’ai commencé à prendre partie pour l’électrique. »
Au fil des rencontres, Marc-Antoine Bru a décidé de s’investir dans la promotion du véhicule électrique sur l’île de la Réunion.
« A l’origine, le but était d’organiser une manifestation, un rallye VE solidaire, avec pour objectif de récupérer des fonds pour une association caritative, le tout autour du véhicule électrique », poursuit-il. Il nous fallait ainsi une structure pour nous permettre des récolter les fonds. Electro Ker est ainsi née, il y a trois ans. »
Le premier Rallye VE solidaire est alors organisé en 2020, juste après le confinement. L’objectif ? Créer un rallye découverte permettant de découvrir le patrimoine d’une commune, avec un questionnaire, se rapprochant d’un road book pour tracer sa route, à l’image d’un jeu de piste géant. Un premier événement qui rencontre alors un certain succès, et qui a amorcé le développement d’Electro Ker, et sa promotion de l’électrique dans la région.
« Nous nous sommes lancés avec beaucoup de persévérance et de persuasion. Le succès était au rendez-vous pour ce premier Rallye VE solidaire, et Electro Ker a évolué pour devenir une association visant à promouvoir le véhicule électrique à la Réunion. Nous avons alors commencé à établir plusieurs partenariats d’envergure avec certains acteurs du secteur. »
Freshmile, opérateur de recharge pour véhicules électriques, s’est ainsi rapproché d’Electro Ker, tout comme la société Moba (ex-La Belle Batterie), qui propose des solutions liées aux batteries électriques, notamment un kit de test permettant de fournir un certificat de batterie en cas de vente de son VE. Vivo Energy, ou encore Engen Réunion, viennent s’ajouter à la liste des partenaires dans le cadre des initiatives d’Electro Ker, dont les compétences s’étendent désormais au conseil et à l’assistance dans le cadre de la transition vers l’électrique pour les particuliers.
« J’aide aujourd’hui les particuliers à monter des dossiers pour qu’ils puissent bénéficier d’une prime leur permettant d’installer chez eux une prise renforcée pour leur véhicule électrique », continue Marc-Antoine Bru. Nous avons eu pas loin d’un millier de primes distribuées par mon intermédiaire, et cela continue à monter. De manière générale, l’objectif d’Electro Ker est de soutenir les ‘electrifiés’, et de donner un maximum d’informations aux gens sur les véhicules électriques. Mais surtout nous voulons proposer aux réunionnais et réunionnaises une information locale autour de ce sujet, car les informations provenant de l’Hexagone ne sont pas toujours pertinentes à notre niveau. L’idée est également de faire la chasse aux fake news et surtout d’ouvrir le dialogue autour du sujet. »
Des initiatives qui se multiplient ainsi, au fil des années, autour du véhicule électrique, avec la ferme conviction pour les membres d’Electro Ker, et de son président en premier lieu, que cette technologie est la plus adaptée à la mobilité sur les îles.
« En voiture, le tour de l’île de la Réunion, c’est à peine 200 km », explique Marc-Antoine Bru. Et la mobilité électrique est tout à fait à sa place ici, sûrement davantage qu’en Europe où l’on doit prendre en compte de plus grands trajets. Ici, un véhicule électrique avec une petite batterie, c’est amplement suffisant. On roule rarement à plus de 60 ou 70 km/h et, à cette vitesse, une batterie se décharge assez lentement. Il y a certes des dénivelés prononcés qui sollicitent davantage le véhicule, mais les routes descendent aussi fatalement, donc l’un dans l’autre, on s’y retrouve. »
Et, de fait, l’électrique commence à trouver sa place à la Réunion. Et les mentalités ont changées en quelques années vis-à-vis de la voiture dite « zéro émission ».
« Il y a toujours trois catégories : ceux qui sont complètement convaincus, qui ne se posent pas de question et qui ont la volonté de passer à l’électrique s’ils trouvent une offre intéressante. Il y a ensuite une partie des gens qui sont indécis qui se renseignent beaucoup, et qui voient surtout dans le VE un intérêt économique. Et puis il y a la troisième partie, ceux qui sont fermement contre, une partie des Réunionnais est très attachée à la voiture thermique, il faut que ça fasse du bruit, que ça fume… »
« Mais les mentalités ont évoluées. La Réunion est assez favorable à la mobilité électrique, d’ailleurs, tous les ans, le nombre de VE double sur l’île, ça a mordu très fort, et de manière très rapide. On s’attendait à un tassement début 2024 en raison du changement de bonus, mais les chiffres de janvier qui viennent de nous parvenir sont plutôt encourageants. Cela s’explique en partie grâce au fait que certaines marques chinoises, plus fortement impactées par le bonus à partir de cette année, ont fait de gros efforts d’un point de vue tarifaire. Et il faut maintenant attendre le leasing social annoncé par le gouvernement pour les petits véhicules électriques, qui est parfaitement adapté nos territoires. »
Le paysage automobile a en effet considérablement évolué sur l’île de la Réunion en l’espace d’à peine quatre ans. En 2020, le parc VE y était très modeste, avec très peu de modèles disponibles, hormis la première génération de la Renault Zoé, avec aussi quelques Tesla. Au niveau des infrastructures, le déploiement des bornes électrique était encore timide. Mais le réseau s’est vite étendu dans les années suivantes avec notamment Total, ou Run Charge (Carports solaires).
Aujourd’hui, au dernier recensement, 482 points de charge sont comptabilisés. La grande majorité étant gérée par Freshmile (à plus de 90%), avec quelques bornes directement gérées sur certains points de vente (commerces, petites stations…). Les plus puissantes sont gérées par Total Energies (avec des bornes à 150 kW), le réseau le plus important en nombre étant celui de Run Charge, racheté depuis peu par Green Yellow.
« Avec plus de 10’000 véhicules électriques, il y a quasiment autant de points de recharges individuels, avec une partie non négligeable de prise renforcée (16A). A de rares exceptions près, chaque propriétaire de véhicule électrique dispose en effet de son propre point de recharge. »
« La difficulté est toutefois réelles pour les habitants en logement individuel pour qui les coûts de déploiement d’un point de charge sont importants ou techniquement difficile, voire impossible. C’est donc là un des enjeux pour l’avenir. La Réunion dispose actuellement d’un nombre de bornes suffisant en regard du nombre de VE, mais doit anticiper le déploiement de points de charge tant la croissance en VE est forte. »
D’après les chiffres communiqués par Electro Ker, pour les bornes publiques (toutes quasiment payantes), l’ensemble du territoire est couvert en dehors d’une zone blanche aux alentours de Ste Rose et de Salazie (une seule borne AC déployée par un commerce). St Philippe vient de recevoir son premier déploiement d’une borne 100 kW Total Energies, limitée à 25 kW pour le moment (difficultés pour EDF de fournir la puissance demandée pour l’instant).
L’électrique s’implante ainsi fermement à la Réunion, au fil des ans. Une croissance exponentielle, et une transition nécessaire pour l’avenir de la planète ?
« On sait que les décennies à venir s’annonce difficiles d’un point de vue climatique», conclut Marc-Antoine Bru. « Nous sommes à la croisée des chemins, et l’objectif est que cela n’aille pas plus loin, c’est maintenant que cela se décide, il faut en prendre conscience.»
« Et puis il s’agit d’un des efforts les moins difficiles pour préserver la planète. On ne demande pas de se priver de choses, mais juste de changer de technologie. Au fond, notre liberté de déplacement est toujours là, et l’électrique est à mes yeux la meilleure option. Cette technologie a nettement supplanté l’hydrogène, et les biocarburants ne sont pas forcément la solution.»
«Et je reste persuadé que la recherche dans le domaine du véhicule électrique n’en est qu’à ses balbutiements. Il n’y a pas vraiment eu de développement très sérieux de cette technologie avant ces dernières années, mais là on est en plein dedans. Les impératifs industriels vont faire que les constructeurs de batteries, notamment, vont travailler pour optimiser leur efficacité, et assurer l’approvisionnement en matières premières.»
«Le recyclage des batteries est aussi un sujet, les choses évoluent et se mettent en place. Et il y aura des choses qui vont arriver, dont on n’a même pas forcément idée, on doit s’attendre à tout !»
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