Christelle ICHIZA-IMAHO : une copilote sans « chichi »
Par Gianny Gabriel | Le 24/01/2023 | News | Sports mécaniques
Oovango est allé la rencontre d'une femme particulière. Bien que discrète, Christelle Ichiza-Imaho ou "Chichi" pour les intimes, est bien connue du sport automobile martiniquais. Nous lui avons posé quelques questions.
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Qui est Christelle ICHIZA-IMAHO ?
Oovango : Tu es copilote depuis quand, d’ou te vient cette passion ?
Christelle Ichiza-Imaho : J’ai toujours baigné dans ce milieu. Tout d’abord, il faut comprendre que le rallye est un sport qui se pratique à 2, c’est comme un couple, il faut s’entendre, il faut que la sauce prenne pour que le mariage soit réussi. Et c’est sur cette base que j’ai fait mes débuts avec Charles-Denis Ramanich, si je me rappelle bien, c’était en 1997. C’est l’année ou il y a eu le retour de Bernard Levalois, venu en Martinique concourir contre Simon Jean-Joseph.
Oo : Quels sont les autres pilotes que tu as copilotés ?
Christelle Ichiza-Imaho : alors si je me rappelle bien, j’ai copiloté Henry Luchel sur la Clio Williams de 1998 à 1999. Durant cette période j’ai aussi copiloté Camille Sorbet sur un rallye. Ensuite il y a eu Serge Laou, que j’ai copiloté sur la Saxo 1l6 Gr1. C’était lors du challenge CSM (Citroen Sport Martinique) que nous avions remporté à 2 reprises en 2000 et 2001. Je crois que je l’ai aussi copiloté en 2003.
2014 : j’ai copiloté Rudy Rodney sur toute la saison sur une C2 R2Max.
2016 : j’ai copiloté Edmond Bhiki sur le premier « M.R.T. » sur une 306 Maxi
2017 : Jean-Marie Mavounzy a fait appel à moi pour le copiloter sur C2R2 MAX.
2018 : pour le Rallye madinina, j’ai copiloté Willy Nallamoutou-Sancho, sur la 207 Groupe S2000. En 2018 aussi j’ai copiloté Guy Hellenis sur une Mitsubishi Lancer évolution 9 pour le MRT.
Pour la ronde du centre de 2019, j’ai copiloté Thony Thorel sur une 208 R2.
Et pour la fin de la saison 2022, j’ai copiloté François-Xavier Mavounzy sur la Mitsubishi Lancer Évolution 9 pour le rallye des Champions. Demande qui a été faite par le team Chateauneuf par rapport à Jean-Marie que je devais copiloter à un moment donné, mais ça ne s’est pas fait. La famille a souhaité que je copilote François-Xavier comme c’était prévu avec Jean-Marie.
« Sa ka pasé anlè dlo ka rété anlè dlo ! »
Oo : Y a t’il un pilote que tu as préféré ?
Christelle Ichiza-Imaho: Comme je l’ai dit précédemment, l’équipage est un « couple » et tout couple est différent. Et comme on dit chez nous : « sa ka pasé anlè dlo ka rété anlè dlo » donc en partant de cela, mes affinités avec les uns ou avec les autres… ça reste entre nous.
Oo : Le milieu du sport automobile Martiniquais est plutot masculin, comment t’es-tu fait ta place ?
Christelle Ichiza-Imaho : Je n’ai pas eu de problème d’intégration car j’ai eu des amis qui, lorsqu’ils m’ont intégrée dans ce sport voyaient en moi un homme et pas une femme. Quand bien même, ils restaient aux aguets… Mais ils savaient quand même que je saurais me défendre, donc l’intégration a été rapide.
Oo : Tu es plutôt réservée, mais tu sais te défendre car tu as un caractère bien trempé, cela t’a-t-il aidé ?
Christelle : Je dirais plus que c’est mon sérieux et ma rigueur qui m’ont permis de m’imposer.
Oo : Que dirais-tu de copiloter une femme pour faire un nouvel équipage 100% féminin ?
Christelle : Ce serait une expérience à vivre, mais il n’y en a pas des masses chez nous (de femmes pilotes en rallye), il n’y en a qu’une seule c’est Maeva (Mornet). Mais il est vrai que l’occasion ne s’est pas encore présentée à moi, pour faire un équipage 100% féminin.
Oo : Justement en plus de Maéva Mornet, il y a de plus en plus de femmes en Martinique dans le sport automobile. Penses-tu que le regard des hommes est en train de changer ? Qu’il y a une évolution des mœurs ?
La rigueur féminine, un atout en copilotage
Christelle : Je pense, car aujourd’hui lorsqu’on m’appelle pour copiloter, on me parle de la rigueur des femmes par rapport à celle des hommes. Donc parler de changement de regard, je ne sais pas, mais ce évolue c’est la reconnaissance de la rigueur de la femme.
Oo : Justement quelles sont les qualités à posséder pour être un bon copilote (homme ou femme) ?
Christelle : Moi je pense qu’il faut être sérieux, rigoureux, et surtout très important : il ne faut pas avoir peur de la vitesse.
Oo : Quelles sont les anectodes que tu peux nous raconter ? Que s’est il passé d’intéressant sur un rallye que tu aimerais partager avec nous ?
Christelle : Je me rappelle une fois ou nous étions en « recos » (reconnaissances du circuit avant le rallye) et nous passions sur des gués et les gués étaient secs, et ne voila t’il pas que lors de la course, il y avait de l’eau dans les gués. Je suis dans mes notes, et qu’est-ce qui se passe ? Je sens que la voiture part ! Quand je lève la tête, je vois la voiture partir sur le public. La seule chose que j’ai fait c’est de crier comme une malade : « pas le public pas le public pas le public, tiens la voiture !!! ». Finalement il a réussi à tenir la voiture, c’est un fait, mais je lui ai dit par contre « A vue ! ». (Cela signifie qu’elle n’a plus annoncé de notes jusqu’à la fin de la spéciale…).
Une autre anecdote : nous roulions, nous étions en pleine spéciale, et nous nous sommes retrouvés confrontés à une voiture en face de nous. Elle était sur le circuit alors que la route était fermée…
Ce qui m’a aussi marquée, c’est en 2014, la sortie de route de l’équipage Orosemane/Zéline, ou Thomas(le copilote) était dans tous ses états. Et je lui avais remis ma coupe, en lui demandant de bien vouloir continuer le sport automobile. J’ai voulu part ce geste, le motiver. C’était pour l’e motive l’encourager car je sentais que ça l’avait vraiment marqué.
Christelle remettant sa coupe à Thomas Zéline
2022, une année écourtée pour Christelle ICHIZA-IMAHO
Oo : Revenons sur 2022, où tu as fait équipe avec Rudy Rodney sur la 208 R2 et aussi avec François-Xavier Mavounzy sur l’Évo 9 Groupe A.
Christelle : L’année 2022 avait très bien commencé avec Rudy, notre équipage allait très bien. Malheureusement ce sont les aléas du sport, il y a eu une casse moteur, et notre aventure s’est arrêtée là, le temps de la réparation.
Avec François-Xavier, comme dit précédemment je devais copiloter Jean-Marie (Chateauneuf). C’était une volonté de sa famille que je copilote François-Xavier sur la Mitsubishi. Nous devions faire le Rallye Ho Hio Hen, que nous n’avons pas pu faire. À défaut, nous avons décidé de faire le Rallye des Champions. Voila !
Oo : 2023, aux cotés de qui seras-tu ?
Christelle : Ah ahh !!!! 2023 !!! Eh bien je vous laisse la surprise, vous verrez en 2023 avec qui je serai !
Un conseil aux femmes qui veulent tenter l’aventure du sport auto
Oo : Pour terminer, que pourrais-tu dire à une femme qui veut se lancer dans la course automobile ?
Christelle : Il faudrait qu’elle sache qu’il y a un énorme travail. Toute personne qui a envie de se lancer, doit savoir que le rôle du copilote commence bien avant le départ de la course. Le pilote conduit, et le copilote fait tout le reste. Le copilote doit gérer les horaires de pointage aux parcs et sur le routier. Le copilote doit tout faire pour que le pilote n’ait qu’une chose à penser : piloter ! En tant que copilote, il faut tout gérer pour son partenaire, même ses besoins d’uriner voir même de boire. La principale inquiétude du copilote réside généralement dans la gestion du temps et la peur de se perdre dans ses notes.
Malgré la pression il est indispensable que l’on garde son calme, que l’on reste concentré en toutes circonstances, pour ne pas stresser le pilote. Et de l’inscription au parc au parc de fin, le copilote s’occupe des tâches administratives auprès des organisateurs. Que ce soit au parc fermé ou en spéciale, le copilote n’a pas droit à l’erreur. Dans le cas contraire, c’est tout l’équipage qui subit les conséquences. Très important : il faut savoir que le risque zéro n’existe pas dans le sport automobile…
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