L’Aronde de Simca, la plus sophistiquée des voitures françaises de l’époque.
Par Marlène François | Le 13/08/2021 | Actu | L'auto & vous
Construite dans les années 50, la Simca Aronde est encore une voiture mythique en avance sur son temps. Rétrospective de ce modèle emblématique exposé aujourd'hui au Musée martiniquais Rétromobile du Diamant.
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Conçue dès 1951, la Simca 9 Aronde représente la première automobile de la marque à se libérer de Fiat qui fabriquait alors ses modèles en France sous le nom de Société Industrielle de Mécanique et Carrosserie Automobile (SIMCA), petite entourloupe pour éviter les frais de douane plutôt élevés. L’emblématique « Aronde » (hirondelle en ancien français) représente donc cette sortie de l’emprise italienne, ce qui coïncide aussi avec le rachat de Ford Société Anonyme Française (Ford SAF) par Simca.
Les nombreuses évolutions ont permis à l’Aronde de cristalliser plusieurs grandes premières dans l’histoire automobile française : carrosserie monocoque, ligne dite ponton (de l’américain « pontoon ») qui désigne un élément intégrant l’aile et le garde-boue (avant et arrière), orifice de remplissage sous un des feux arrière, essuie-glaces balayant toute la surface du pare-brise, modèle 4 places capable d’accueillir jusqu’à 6 passagers, clignotants pour remplacer les flèches directionnelles, peinture glycérophtalique de couleur…
Autant d’innovations que l’on doit au très audacieux patron de Simca de l’époque, Henri Théodore Pigozzi, véritable visionnaire, qui saisit rapidement qu’en élaborant des gammes et en déclinant des modèles, les clients changeaient plus souvent de voiture. Sans faire exception à la règle, l’Aronde va donc subir quantité d’élaborations dès 1954 (feux arrière, calandre, ailes, carrosserie, taille de pneus, etc.).
Les multiples déclinaisons du modèle portent des noms tels que « La Grand large » (une berline deux portes, sans montant central, avec vitres latérales arrières entièrement descendantes), mais aussi « La Châtelaine » (un break de chasse), « La Commerciale » et « La Messagère » (deux fourgonnettes tôlées), ou encore « L’Intendante » (une camionnette bâchée).
La gamme Aronde s’enrichit également de modèles Simca Sport dessinés par les stylistes de Facel-Métallon, à savoir deux modèles très élégants, le « Coupé De-Ville » et le cabriolet « Week-end », entre autres.
En avril 1957, Simca lance une opération retentissante en établissant un nouveau record mondial jusque-là détenu par Citroën. Le challenge ? Une Aronde, prélevée de la chaîne de production, donc de série, couvre 100 000 kilomètres à une moyenne de 113 km/h sur le circuit de Montlhéry en tournant durant 38 jours et 37 nuits. Simca utilisera d’ailleurs cette performance au lancement de sa berline Montlhéry pour ses modèles 1958 dotés du moteur « Flash Spécial ».
La perspicacité de H.T. Pigozzi a aussi poussé la marque à communiquer activement sur ce modèle phare qui a bénéficié d’intenses et efficaces campagnes de presse. Simca a même reçu « l’Oscar de la publicité » pour le lancement de la gamme P60.
Le résultat de ce succès ? Un million trois cent mille Aronde construites entre 1951 et 1963. C’est ce modèle qui a d’ailleurs permis à Simca de devenir le second constructeur automobile français à la fin des années 1950.
Des exemplaires de l’Aronde Plein Ciel, de l’Elysée (modèle luxe avec sièges couchettes) et de l’Océane, une décapotable (sous bâche en attente de réparation de la capote) sont visibles à la Martinique, au musée Rétromobile du Diamant, propriété du collectionneur Monsieur Christian Gallet de Saint-Aurin.
Ce dernier est un passionné de la marque qui a travaillé dès 1948 aux côtés de Monsieur Louis la Rougery, concessionnaire à la Martinique des marques Simca, Nash, Studebaker, Delahaye et Motobécane.
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