Les sœurs Brumier : une passion en tandem

Par Priscilla Romain | Le 06/10/2022 | News | Sports mécaniques

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En 2016, Jill et Ady Brumier font une entrée remarquée dans le sérail, très fermé, des pilotes automobiles. Si elles ne sont pas les premières femmes à concourir dans ce milieu masculin, il reste quand même assez rare de voir réunies deux femmes (pilote et co-pilote) à bord de la même voiture. Mais c’est avant tout une histoire de passion et de transmission.

« Si tu veux te défouler, autant le faire au volant d’une voiture sur circuit fermé. » C’est cette phrase, prononcée par son père, Yves-Antoine Brumier, lui-même pilote automobile, qui scelle le destin sportif d’Ady Brumier, la plus jeune des deux sœurs. Alors que sa conduite sportive lui vaut quelques rappels à l’ordre des autorités, le chef de famille voit le rallye comme une bonne occasion de canaliser l’énergie de sa fille. Il lui propose donc de monter une équipe avec sa grande sœur Jill, sur le point de rentrer en Guadeloupe après des études en France.

Comme dit, comme fait. Jill a à peine touché le sol Guadeloupéen qu’elle est embarquée dans l’aventure. « Plus jeune, je voulais déjà faire du karting, mais je n’y suis pas arrivée. Du coup, je suis très ouverte à la proposition d’Ady et je me dis que c’est une belle expérience à vivre. » C’est un peu le même état d’esprit du côté de la jeune sœur. La proposition de leur père fait presque sens, puisque depuis leur plus jeune âge, elles côtoient le monde de la course automobile. « C’est clair que si ma famille n’était pas impliquée dans ce monde, je n’aurai jamais eu l’idée de concourir. Mais nous avons toujours été bien entourées par l’équipe donc nous avons abordé cette expérience de manière saine et détendue. » confirme Ady Brumier.

Les deux filles intègrent donc l’équipe de leur père. Elles arrivent à acheter une voiture, une Renault Twingo RS, non modifiée avec un peu plus de 130 chevaux sous le capot.

Un parcours technique et de nuit pour débuter

Martinique. 2016. Le MRT. La date d’entrée en matière après des mois de préparation pour les deux sœurs, est arrêtée. La tâche n’est pas facile. Le parcours est technique et l’épreuve est en nocturne. Mais, à ce moment-là, elles sont loin d’être nerveuses. Au contraire. « Nous étions entourées de tellement de bienveillance pour cette 1ère course que nous n’étions vraiment pas inquiètes. En Martinique, on nous a donné des conseils, on discutait avec nous, c’était vraiment idéal. » se souvient Jill.

Elles embarquent donc pour leur première spéciale et prennent conscience rapidement de la réalité des rallyes. Une prise de conscience musclée matérialisée par une sortie de route. « Avant ça, dans ma tête, je n’avais vraiment aucune conscience de ce que c’étaient les sorties de route, les touchettes, les ennuis mécaniques. Ça peut paraître surprenant mais j’étais loin de l’envisager. Du coup, la sortie de route me met la tête dedans d’un coup. » avoue Ady Brumier. Contraintes par une panne mécanique, elles ne termineront pas cette première compétition.

De détendue, Ady devient alors concentrée et fermée. « Avant une course, Ady ne parle plus, elle est complètement coupée du monde et ce, jusqu’à ce qu’elle fasse les premières montées d’essai. » confirme Jill.

Des débuts mouvementés pour les soeurs Brumier

Après deux années plutôt calmes, en 2019, nouveau revers, encore en Martinique. Cette-fois, la sortie de route est bien plus spectaculaire.

« Jill était ma co-pilote, et au début tout se passait bien. Nous arrivons à un virage, et je commence à placer mes roues dans la trajectoire. J’appuie sur les freins et il ne se passe rien. En un clin d’œil, nous manquons le virage pour terminer dans un ravin. » À l’évoquer seulement, le stress se lit sur le visage d’Ady. Jill, elle, reste plus détachée. « C’était très impressionnant. J’ai même eu l’impression que nous avions fait un tonneau, mais nous étions simplement à pic dans la voiture. Dès lors, il fallait vite sortir car on ne savait pas ce qui pouvait être cassé. » Dehors, elles se rendent compte que la Twingo est réellement à pic, mais que les dégâts sont plus ou moins maîtrisés.

Ce sera la dernière sortie des sœurs Brumier en tandem. Non que l’accident ait causé des dissensions, mais Jill va devenir mère et se concentrer sur sa famille. Désormais, Ady est seule au volant et Jill rejoint le staff.

Recherche de la performance

L’impact de leur sortie de route a laissé des traces chez la benjamine des sœurs Brumier. Pourtant, elle ne baisse pas les bras. La coupure provoquée par la crise sanitaire, lui permet de se remobiliser. Entre temps, la team de départ a changé, l’équipe se réorganise différemment, elle est rajeunie avec plusieurs projets de voiture. Une ambiance qui permet à Ady d’évoluer aussi dans son projet. « Avec la reprise de la saison en 2021, j’ai de meilleures sensations, maintenant j’aimerais vraiment être plus rapide. Mais je pense que je suis encore beaucoup trop stressée à l’entame de la compétition. »  Des performances à analyser aussi du point de vue mécanique. « Il faut dire que nous avons la plus petite voiture du plateau. » tempère rapidement Jill.

Pas une excuse pour Ady qui regrette encore de ne pas entrer plus vite dans ses courses. « Certains pilotes sont stressés, mais dès la 1ère montée d’essai, ils lâchent les chevaux et se sentent bien dans leur compétition. Ce n’est pas encore mon cas. Je ne me détends pas assez vite et ça impacte mes performances. » réitère Ady Brumier. Désormais séparées, chacune dans son nouveau rôle, les sœurs Brumier continuent de vivre leur passion avec l’envie de marquer, humblement, l’histoire du sport auto féminin comme certaines l’ont fait avant elles.

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