En rallye et dans la vie : un duo en osmose
Par Ophélie Vinot | Le 31/05/2022 | Sports mécaniques
Le week-end du 21-22 mai se tenait le Rallye du Sud Sauvage, entre Petite-île et Saint Joseph. L'occasion pour oOvango de suivre Laurence Morel, pilote, et Yohann Clain, copilote, à bord de leur Mitsubishi Lancer Evo V.
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Laurence Morel et Yohann Clain roulent en duo depuis six ans. « On avait deux vies séparées, qui se sont fusionnées. Dans la vie tout court et dans le rallye aussi ! », raconte Yohann. Au quotidien, Laurence est directrice d’école. Yohann est professeur d’histoire-géo. Dans leur Mitsubishi Lancer Evo V, elle est pilote et lui copilote.
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Sommaire
Destinée au pilotage
Laurence a quasiment toujours été pilote, depuis « une bonne dizaine d’années ». « J’ai dû faire un rallye, il y a longtemps, en tant que copilote. C’est comme ça que je suis entrée dans une voiture de rallye », explique-t-elle. Yohann est dans le monde auto depuis une vingtaine d’années. Qu’il s’agisse d’une Mitsubishi Evo IX, Citroën Saxo, Ford Escort Gr. A ou 206 WRC, il a toujours été copilote — notamment de Meddy Gerville, Patrick Bellus ou encore de Stéphane Sam-Caw-Freve.
Avant d’évoluer avec la Mitsubishi Lancer Evo V, le couple est passé par d’autres véhicules. « Ça a été quelque chose d’assez particulier parce qu’on avait une Peugeot 306 à l’époque, qui avait été réalisée pour que mon mari puisse la conduire », raconte Laurence Morel. « Je croyais. Et puis c’est moi qui ai pris le volant et c’est parti comme ça. Une espèce de challenge, avec je ne sais pas qui… Moi-même, peut-être ! ».
« Je viens du monde de la moto et à chaque fois où je me suis dit : « allez, l’année prochaine, je vais tenter le pilotage », en fait, on a monté un autre projet. Je suis donc toujours resté copilote », explique Yohann, sans vraiment montrer de regret. Laurence ajoute : « c’est vrai qu’en tant que copilote, j’avoue que je n’arrive pas très bien à enlever les œillères… J’ai proposé plusieurs fois que l’on change avec Yohann parce qu’à l’époque, je ne comprenais pas très bien pourquoi c’était moi le pilote. Je n’avais rien fait pour ça. Et puis, finalement, c’est resté : Laurence Morel, pilote », rit-elle.
Le couple a ensuite eu une Peugeot 207, avec laquelle l’histoire aurait pu s’achever. « La vie m’a donnée une chance avec une autre vie. Nous avons eu l’occasion d’avoir une Mitsubishi sur laquelle nous roulons actuellement et qui a été perfectionnée au fur et à mesure. C’est Yohann qui la prépare pour qu’elle soit la plus compétitive possible », précise la pilote de 47 ans. « Aujourd’hui, on se plaît comme ça. Lui copilote très bien et moi j’aime bien la maîtrise du volant ».
Une mécanique home-made
Depuis 2017, passionné et ayant déjà des bases en mécanique, Yohann travaille sans relâche sur leur Mitsubishi, âgée aujourd’hui de 25 ans (1997). « On n’a cessé de la restaurer, de la reconstruire, de la comprendre pour pouvoir tout faire nous-mêmes », explique-t-il. « Mises à part les suspensions, on est aujourd’hui au stade où tout est fait à domicile, dans le garage ». Pendant une longue période, le copilote jongle entre sa vie de famille et le garage, entre 22h et 3h du matin. « Le but était d’apprendre, découvrir, travailler, perfectionner la compréhension de cette mécanique-là ».
Auparavant, Yohann avait pour habitude de copiloter des voitures qui ne lui appartenaient pas. « Mécaniquement, ma marge d’intervention n’était pas la même ». Son objectif, à l’heure actuelle, est avant tout de fiabiliser la voiture et de « mettre la voiture à la main de la pilote ». Cela aura pris cinq années pour le père de famille d’atteindre la fin de la phase de reconstruction de la voiture, sur laquelle « il a fallu tout refaire ».
Rallye du Sud Sauvage, le second de l’année : « une nouvelle course »
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Résidant du côté de St-Joseph, dans un petit quartier de Vincendo, le rallye du Sud Sauvage était le second rallye de l’année de Laurence Morel et Yohann Clain. « On est du coin mais pour autant, on est sur une nouvelle course », affirme le copilote de la Mitsu Evo V. « C’est un rallye qu’on prend comme un tout nouveau rallye. Sur les quatre spéciales qui seront parcourues ce week-end, il y en a trois qui n’ont pas été parcourues depuis très longtemps. Par exemple, j’ai fait Piton Goyaves qu’on appelle aussi Piton à Bloc. J’ai dû la parcourir en 2004 ». En 2019, la spéciale du Piton à Bloc était au programme mais en sens inverse.
Pour Yohann, l’objectif de chaque rallye est de voir si les améliorations apportées à la voiture portent leurs fruits sur le terrain. Rien que pour cette raison, « les rallyes se suivent mais ne se ressemblent pas ». « On va faire des essais mais cela va correspondre à une partie de la spéciale et pas à une autre partie, par exemple. Donc c’est véritablement sur l’ensemble des spéciales, du terrain,… Il y a plein de choses à prendre en compte. Est-ce que les cannes ont été coupées, pas coupées ? Est-ce que les arroseuses sont en marche ? Tout ça sont, l’air de rien, des critères très importants », précise-t-il.
Malgré leur dizaine et vingtaine d’années d’expérience respectives et leur habitude de conduire sur les routes réunionnaises, Laurence Morel et Yohann Clain restent attentifs au moindre détail. « Sur l’ensemble de l’île, on connaît plus ou moins bien les différents types de revêtements », affirme le copilote. « Mais à chaque fois, il faut vraiment s’adapter en fonction de la météo, de la température et des routes qui sont refaites. Il y a toujours des changements liés à la route : cassées donc reconstruites, etc. Le terrain n’est donc pas le même à chaque fois ».
Laurence l’assure : « chaque rallye est un challenge, un petit défi où j’essaye moi-même de m’améliorer en tant que pilote ». Pour le couple, le Rallye du Sud Sauvage est une nouvelle opportunité de voir si les améliorations apportées au véhicule pourront les mener vers un meilleur chrono. « Yohann essaye d’améliorer la voiture pour qu’on puisse être au meilleur de nos formes — et nous et la voiture — et pousser un peu plus loin l’expérience, faire en sorte que la course soit de plus en plus belle », espère la pilote. « Notre crainte à chaque fois, c’est vraiment de ne pas arriver au bout de la course. Mais bon, c’est toujours un défi et puis, c’est le jeu aussi. (…) En ce qui concerne mon pilotage, je pense que je passe des étapes au fur et à mesure. Le but est de gagner des petits points pour être au mieux de mes compétences ».
Duo dans la vie quotidienne et en rallye : « on a tout greffé, peu à peu »
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On considère souvent l’équipage Morel-Clain comme atypique, de par leur couple extra et intra rallye, d’une part, et d’autre part parce que la dualité masculin-féminin reste encore un choix peu fréquent dans le monde auto. Enfin, moins courant encore, le fait que « Madame soit au volant et Monsieur à droite », suppose Yohann Clain. « C’est très plaisant parce qu’on a construit notre équipe en partant d’une pilote, un copilote, une voiture. Et on a tout greffé peu à peu, jusqu’à en arriver là ». Pour l’un comme pour l’autre, piloter et copiloter aux côtés du sexe opposé a été leur première expérience, ensemble.
Au départ, Laurence souhaitait créer un équipage 100% féminin. « C’était un peu à la mode de créer un équipage féminin. Mais ce n’est pas toujours simple parce qu’avec deux filles dans une voiture, s’il n’y en a pas une qui maîtrise un minimum l’aspect mécanique, on est à la merci de tout. Dès qu’il y a un problème, on doit téléphoner en demandant ce qu’il se passe. Là, on est vraiment au complet dans la voiture : le pilote, le copilote, le mécano, le gestionnaire, etc. C’est très rassurant.
S’il y a un bruit, il va pouvoir répondre à ma question. Il va pouvoir aller voir ce qui se passe ». Pour Yohann, la création de ce duo a été quelque chose de réellement nouveau : « copiloter une femme, ce n’est pas la même chose que copiloter un homme ». « Je ne sais pas si c’est vraiment spécifique aux femmes mais il y a cette notion de véritablement s’appuyer sur le copilote », souligne-t-il. « Après, il y a cette intuition féminine : pouvoir se dire « j’y vais, j’y vais pas, là je sais pas ». C’est très important. Même si moi, à côté, je voudrais que ça aille plus vite, elle me dit « non, là je n’y vais pas, je ne le sens pas », etc ».
Pour Laurence, le duo est actuellement dans une « osmose naturelle », « qui ne se maîtrise pas ». « C’est la non-maîtrise parce que c’est tout le temps mouvant, mais avec une assurance de faire avec ça. On ne se pose pas de question quand on va en reconnaissance par exemple, car on est ensemble ». De son côté, Yohann perçoit la fluidité au sein de son duo. « On arrive à se sentir : « là tu es stressé(e), là tu es bien », etc.
Il y a une véritable connaissance de ce binôme. Ça facilite l’évolution dans ce sens-là. Et puis, on peut se dire : « calme toi », « je suis énervé(e) », « je suis calme »,… Et avoir ce ressenti, vis-à-vis de l’un et l’autre ». Malgré le fait de parvenir à faire la « part des choses », Yohann l’admet : « parfois on se dispute dans la voiture ! On se dispute parfois plus en rallye que dans la vie de tous les jours », s’amuse-t-il. « Après, je dis dispute mais c’est un bien grand mot. On va plutôt se charrier un peu sur l’instant et puis ça passe ».
Lors du Rallye du Sud Sauvage, le duo Morel-Clain a terminé premier de sa catégorie (A8) et 27e au classement scratch. Un meilleur chrono à un cheveu près, mais l’essentiel est là : « on a terminé ce rallye », se félicite Laurence. « Niveau chrono, la différence est fine mais on est quand même satisfaits ».
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